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Crimée: l’Otan prépare d’éventuels déploiements de troupes à l’est

Le Vif

Les ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l’Otan ont implicitement appelé mardi la Russie à se retirer de Crimée tout en confirmant la suspension de toute coopération civile et militaire pratique entre l’Alliance atlantique et Moscou et en donnant instruction aux autorités militaires alliées d’étudier un renforcement de la présence militaire en Europe de l’Est.

Les 28 pays de l’Otan ont également réaffirmé la détermination de l’Alliance à « assurer la dissuasion et la défense collective face à toute menace d’agression » visant un de ses Etats-membres, dans une déclaration publiée au premier jour d’une réunion prévue de longue date à Bruxelles. Mais sans aller jusqu’au stationnement permanent de troupes dans les pays d’Europe de l’Est, suggéré par le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski. « Non, nous n’avons pas besoin de troupes de l’Otan à la frontière avec la Russie », lui a ainsi rétorqué son homologue néerlandais, Frans Timmermans.

« Dans la situation actuelle, l’Alliance a déjà pris des mesures visant à témoigner de sa solidarité et à renforcer sa capacité d’anticiper tout défi pour sa sécurité et d’y répondre rapidement. Nous continuerons de veiller au renforcement approprié et à l’assurance visible de la cohésion de l’OTAN et de sa détermination à assurer la dissuasion et la défense collective face à toute menace d’agression visant l’Alliance », souligne la déclaration.

Ces mesures pourraient comprendre l’organisation d’exercices militaires dans les pays d’Europe de l’Est, la révision des plans de défense pour ces alliés, voire des déploiements de troupes en Europe orientale, a indiqué le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen.

Une source proche de l’Alliance a aussi évoqué la mise en état d’alerte plus élevée d’éléments de la force de réaction rapide dont dispose l’Otan en permanence, la « Nato Response Force » (NRF).

« Il faut montrer la crédibilité » de l’Otan, a pour sa part souligné le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, évoquant aussi des aides bilatérales, dans une allusion à l’envoi de chasseurs F-16 américains d’Italie en Pologne.

Les Etats-Unis ont aussi porté de quatre à dix le nombre d’avions de chasse F-15 déployés en Lituanie pour assurer la « police aérienne » au-dessus du territoire des pays baltes, dépourvus d’avions de combat.

« Nous avons également adopté aujourd’hui un ensemble de mesures destinées à approfondir la coopération avec d’autres partenaires de l’Otan en Europe orientale, en consultation avec eux et dans le cadre de nos programmes bilatéraux existants », ajoutent les chefs de la diplomatie alliés. Il s’agit notamment de la Géorgie et de la Moldavie, deux pays confrontés à des « conflits gelés » hérités de la dissolution de l’Union soviétique.

Les ministres ont également rappelé leur soutien à la « souveraineté », l' »indépendance politique » et l' »intégrité territoriale » de tous les États – y compris donc l’Ukraine -, dans les limites de leurs frontières internationalement reconnues, après que la Russie eut annexé le mois dernier la péninsule ukrainienne de Crimée et alors que Moscou a massé des troupes à la frontière entre les deux pays.

« Afin de témoigner de notre attachement à l’Ukraine, nous allons intensifier notre coopération dans le cadre de notre Partenariat spécifique. Aujourd’hui, l’Otan et l’Ukraine ont décidé, comme énoncé dans la déclaration de la Commission Otan-Ukraine, de mettre en oeuvre des mesures immédiates et à plus long terme destinées à renforcer l’aptitude de l’Ukraine à assurer sa propre sécurité », ajoute la déclaration, publiée avant une réunion conjointe avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Les ministres des 28 alliés ont enfin confirmé la suspension de toute coopération civile et militaire pratique entre l’Alliance et Moscou, déjà décidée par les ambassadeurs des 28. « Notre dialogue politique au sein du Conseil Otan-Russie peut se poursuivre, selon les besoins, au niveau des ambassadeurs et à un niveau plus élevé, pour nous permettre des échanges de vues, avant tout sur cette crise », soulignent-ils.

Ils annoncent également un réexamen des relations entre l’Otan et la Russie lors de leur prochaine réunion, fin juin à Bruxelles, la dernière avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu les 4 et 5 septembre à Newport (Pays de Galles).

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