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Crash Rio-Paris : faut-il remonter les corps ?

Les familles brésiliennes des victimes du crash de l’AF447 réclament que les dépouilles leur soient rendues. En France, les avis sont plus partagés. Quelles sont les raisons de ce désaccord?

La lettre des deux juges d’instruction français, envoyée mardi 10 mai à toutes les familles des victimes du crash du vol Rio-Paris, a douché les espoirs des familles de récupérer les corps de leurs proches. On y lit que seules deux dépouilles seront remontées « afin de déterminer si l’identification est ou non réalisable après un si long séjour au fond de l’océan ». Autrement dit, si l’identification des deux premières n’est pas possible, aucun autre corps ne sera repêché.

Alors que les parents français sont partagés sur cette question, certains voyant l’océan comme ultime tombeau et préférant se préserver en passant à autre chose, les Cariocas et leurs voisins souhaitent ardemment récupérer les dépouilles de leurs proches (1 seule famille sur 59 s’y oppose).

Interrogé depuis Rio par téléphone, Marteen Van Sluys, le responsable de la principale association de familles de victimes brésiliennes nous explique les raisons de cette volonté.

La première est administrative. « Si le corps est introuvable, la majorité des juges brésiliens refuse de délivrer l’acte de décès, précise Marteen Van Sluys, même si les familles sont en mesure de prouver que leur proche fait partie des victimes du crash. » Or, sans ce certificat, impossible de clore les comptes en banque ou de toucher un héritage. Plusieurs familles se retrouvent déjà dans des situations financières catastrophiques. L’une d’elles, par exemple, a vu son patriarche mourir dans l’accident. La veuve étant au chômage et les enfants trop jeunes pour travailler, la maisonnée s’est retrouvée dans l’impossibilité de payer ses factures, loyer compris. Les Français sont soumis aux mêmes règles de droit, mais les juges, plus souples, hésitent moins à délivrer le certificat de décès, malgré tout.
Récupérer les corps pour mieux les enterrer

La seconde raison est d’ordre culturel. Par tradition, les Brésiliens tiennent à récupérer les corps de leurs morts, pour mieux les enterrer. Dans ce pays catholique à 75%, le rituel mortuaire veut que la famille et les amis veillent le corps du mort pendant une nuit. La dépouille est exposée au milieu du salon, dans son cercueil, et les proches, tous vêtus de noir, circulent autour, pleurent, mangent et boivent pour noyer leur chagrin. Si le cadavre n’est pas en état d’être vu, le cercueil est scellé. Il n’est conduit au cimetière que le lendemain.

Marteen Van Sluys s’est tourné vers les autorités brésiliennes pour demander à ce que la décision de la justice française soit remise en cause.

En attendant, l’heure est plutôt de savoir si les bandes enregistrées des boîtes noires ramenées en France récemment sont lisibles ou non.

Les enquêteurs sauront lundi si les boîtes noires ramenées en France sont « exploitables » ou non, a indiqué jeudi le chef del’enquête technique, Jean-Paul Troadec.

Le Vif.be, avec Annabel Benhaiem, L’Express.fr

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