Touristes russes sur le départ, Charm el Cheikh, Egypte, le 7 novembre 2015 © Reuters

Crash en Egypte: un pont aérien pour évacuer les touristes de Charm el-Cheikh

Le Vif

La Russie et la Grande-Bretagne poursuivent dimanche le rapatriement de leurs touristes de Charm el-Cheikh et d’autres zones touristiques d’Egypte, huit jours après l’accident de l’avion russe dans le Sinaï, résultat d’un attentat à la bombe selon les Occidentaux.

Confrontées à ces évacuations de vacanciers et des suspensions de vols vers l’Egypte, où le tourisme est vital, les autorités locales s’en tiennent à leur position en réaffirmant attendre les résultats de l’enquête sur le crash pour lequel le groupe jihadiste Etat islamique (EI), implanté dans le nord du Sinaï, s’est dit responsable.

A Charm el-Cheikh, destination phare de la péninsule du Sinaï d’où s’était envolé le 31 octobre l’Airbus A321 avec 224 passagers à bord avant de s’écraser, des milliers de touristes russes et britanniques attendaient dans l’angoisse d’être rapatriés.

Moscou a dépêché samedi 44 avions vides pour récupérer les touristes russes de Charm el-Cheikh, mais aussi de Hurghada, au bord de la mer rouge. Actuellement environ 78.000 touristes russes se trouvent en Egypte.

« Ce qui arrive au tourisme égyptien ne m’intéresse pas. Je veux seulement rentrer chez moi en sécurité », lâche Alexandra Kondratieva, l’une des centaines de vacanciers russes qui patientaient à l’aéroport de Charm el-Cheikh avec l’espoir d’embarquer au plus vite.

Londres, qui a suspendu ses vols vers et au départ Charm el-Cheikh, a commencé vendredi le rapatriement des quelque 20.000 de ses citoyens. Quelque 3.500 ont été rapatriés en 48 heures à bord de dix-sept avions.

Tous les passagers doivent voyager avec seulement un bagage à main, leurs valises devant être acheminées ultérieurement, conformément aux nouvelles dispositions de sécurité décrétées jeudi par le gouvernement britannique, en concertation avec les autorités égyptiennes et les compagnies aériennes.

L’un des touristes britanniques, Ben Khosravi, 27 ans, arrivé à Londres-Luton, a critiqué le dispositif de sécurité à l’aéroport de Charm el-Cheikh. « On a des amis qui avaient des briquets dans les poches, les agents vous palpaient mais ne vous demandaient pas de retirer les objets (des poches) C’était inquiétant de voir avec quelle facilité on pouvait passer le contrôle. Vous pouviez payer des gens pour passer plus vite ».

Pour ajouter aux craintes, les médias britanniques ont révélé samedi qu’en août dernier, un missile était passé à moins de 300 mètres d’un avion de Thomson Airways transportant 189 touristes de Londres à Charm el-Cheikh, peu avant son atterrissage en Egypte.

Mais un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a qualifié ces allégations de « ridicules », indiquant sur Twitter qu’il s’agissait d’exercices sol-sol et que les gouvernements égyptien et britannique avaient été informés à l’avance que l’avion n’était pas en danger.

La catastrophe aérienne risque de porter un nouveau coup dur au tourisme en Egypte, un pays déjà affecté par des années d’instabilité depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011, alors que le nord du Sinaï est en proie à des violences meurtrières impliquant l’EI.

« On est sous le choc. Environ 50% de ma clientèle est russe et cela arrive juste avant la haute saison des vacances de Noël », se lamente Mohamed Mansour qui voyait les touristes russes quitter son hôtel de luxe à Charm el-Cheikh.

Tout était normal’ jusqu’à la 24e minute

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont ouvertement évoqué la piste d’une bombe à bord de l’avion de la compagnie russe Metrojet qui devait rallier Saint-Petersbourg. Et la Russie, qui semble avoir épousé cette thèse, a ordonné la suspension de ses vols civils vers l’Egypte.

Vendredi, une source proche du dossier a elle aussi indiqué à l’AFP que l’analyse des deux boîtes noires, croisée avec des relevés sur les lieux du crash, permettait de « privilégier fortement » l’hypothèse d’un attentat à la bombe.

Lors d’une conférence de presse au Caire, le chef égyptien de l’équipe des enquêteurs, Ayman el-Mokaddem, a affirmé que « la commission d’enquête considère avec une grande attention tous les scénarios possibles pour élucider les causes de cet accident et n’a atteint aucune conclusion jusqu’à présent ».

« Les premières observations ne permettent pas d’identifier l’origine de la dislocation de l’avion », a-t-il dit. « Les données des deux enregistreurs de vols ont été téléchargées avec succès, le temps écoulé entre le décollage et les dernières données enregistrées est de 23 minutes et 14 secondes ». Selon M. Mokaddem , une « analyse spectrale » sera effectuée pour déterminer l’origine « d’un bruit entendu à la dernière seconde de l’enregistrement ».

Avant lui, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri avait aussi souligné que l’enquête n’avait pas encore permis de dégager une explication sur les causes du crash.

Néanmoins selon la source proche du dossier, le décryptage de l’enregistreur des données de vol et de l’enregistreur des voix dans le cockpit indique que « tout était normal » jusqu’à la 24e minute de vol quand les boîtes noires ont brutalement cessé de fonctionner, comportement symptomatique d’une « très soudaine dépressurisation explosive ».

Et selon une autre source proche du dossier, l’analyse d’une boîte noire confirme le caractère « brutal » et « soudain » de l’événement ayant précipité la chute de l’appareil, et des photos montrent des débris criblés d’impacts allant de l’intérieur vers l’extérieur « accréditent plutôt la thèse d’un engin pyrotechnique ».

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