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Couacs en série avant les JO de Londres

À deux jours de l’ouverture des olympiades de Londres, la capitale britannique est dans ses petits souliers. Si toutes les précautions ont été prises pour assurer la réussite de l’événement, quelques ratés ont émaillé les préparatifs. Découvrez les dérapages qui risquent de ternir la fête.

Des transports au bord de l’implosion

On le sait, les Britanniques sont attendus au tournant sur leur capacité à gérer le risque transports. Avec jusqu’à 3 millions de déplacements supplémentaires pendant les olympiades, le réseau de transport londonien risque bel et bien d’imploser. Du reste, de gros efforts budgétaires ont été consentis pour la rénovation des infrastructures. Pas moins de 7,5 milliards d’euros (6,5 milliards de livres) ont été dévolus, entre autres, à la création d’une nouvelle desserte ferroviaire, et d’un téléphérique au dessus de la Tamise. Et des couloirs de circulation réservés aux véhicules de « la famille olympique » ont été aménagés. Or, avant même l’ouverture des jeux, la pagaille et le chaos menacent. Sur l’autoroute qui relie la capitale à l’aéroport de Heathrow, principale porte d’entrée pour les Jeux, les bouchons peuvent culminer à 13 km. Les bouchons s’égrainent aussi entre Londres et Birmingham, lieu de résidence de plusieurs équipes olympiques, et dans la capitale, les ralentissements se multiplient, notamment à Tower Bridge.
Le métro londonien n’est pas en reste. Depuis plusieurs jours, les incidents se succèdent aux heures de pointe. Retards en nombres, lignes à l’arrêt à cause de problèmes d’alimentation et d’alerte incendie, rames surchargées… Les autorités se montrent fatalistes. Elles prient les Londoniens de laisser leurs voitures au parking, leur recommandent de circuler à pied ou en vélo, et d’essayer dans la mesure du possible de travailler chez eux.

Menaces de grèves dans les transports

La situation n’est guère plus enviable dans les airs où le gouvernement britannique s’attendait au pire avec un préavis de grève déposé pour la veille de l’ouverture des jeux par les agents de contrôle aux frontières. L’appel à la grève a été annulé. Les pouvoirs publics peuvent pousser un grand ouf de soulagement, car même à effectif complet, le passage des frontières à Heathrow pose problème. Il n’a pas cessé de défrayer la chronique depuis des mois en raison de files d’attente qui peuvent durer jusqu’à trois heures aux heures de pointe. Et le renfort de 500 agents aux postes frontière n’a en rien calmé les inquiétudes. Leur manque d’expérience pourrait bien ralentir les contrôles au lieu de les fluidifier.100.000 passagers supplémentaires sont attendus à l’aéroport londonien, au plus fort des Jeux, soit une hausse de 20%.
Les salariés du métro et du réseau de bus ont eux aussi brandi la menace d’arrêts de travail. Mais pour éviter à tout prix la grève au moment où le monde entier aura les yeux braqués sur Londres, les pouvoirs publics ont tout simplement acheté la paix sociale. Des milliers de salariés du métro ont déjà obtenu une prime individuelle de 850 livres, soit un peu plus de 1.000 euros, en compensation de la surcharge de travail attendue pendant les olympiades. Et de leur côté, les chauffeurs de bus comptent bien faire entendre leur voix. Après le refus de 21 compagnies de bus de payer un bonus exceptionnel de 500 livres pour les Jeux, le plus grand syndicat du pays, Unite, a consulté la base sur l’opportunité de mener une grève pendant les jeux. La menace plane.

Sécurité des JO: le gros raté de G4S

Après les attentats de 2005 à Londres, craignant que les JO ne soient la cible de nouvelles attaques, les autorités britanniques ont déployé de gros moyens pour sécuriser la capitale. Fort de 690 millions d’euros (553 millions de livres), le budget sécurité prévoit de mobiliser17.000 militaires, 12.000 policiers, 13.200 vigiles et 3.000 bénévoles. À cela s’ajoute un véritable arsenal avec avions de combat, bâtiments de la marine et une batterie de missiles sol-air.prévu 690 millions d’euros (553 millions de livres) de dépenses pour sécuriser la capitale. Et pourtant, à deux semaines de l’ouverture des jeux, un énorme couac a secoué le dispositif sécuritaire. Il est venu de G4S, sous-traitant en charge de la sécurité de l’événement. L’entreprise a tout bonnement admis qu’elle ne parvenait pas à recruter les 10.400 gardes nécessaires. Il va lui en coûter une amende de 10 à 20 millions de livres pour ne pas avoir honoré son contrat de 284 millions de livres. Et elle devra en outre couvrir les coûts liés au déploiement par l’armée de 4.700 hommes supplémentaires. Au total, pour G4S, la facture pourrait grimper jusqu’à 50 millions de livres. Son patron s’est répandu en excuses auprès des députés britanniques, reconnaissant que la défaillance de G4S avait causé une « pagaille humiliante. »

Des mascottes fabriquées dans des sweatshops chinois

Wenlock et Mandeville étaient déjà la risée de bon nombre de Londoniens, avec leur allure de cyclopes, et leur forme évoquant un pénis. Aujourd’hui, les mascottes officielles des JO, dont le merchandising doit rapporter plus de 89 millions d’euros (70 millions de livres) soulèvent un véritable tollé. Une association de protection de travailleurs vient de révéler qu’elles ont été fabriquées en Chine dans des conditions de travail déplorables. Les ouvriers payés à peine 7 euros par jour ont été contraints de travailler 120 heures de plus par mois que la durée légale, tout en étant exposés sans protection à des vapeurs chimiques. Dans leurs témoignages, recueillis par dizaines par la Sacom, les salariés des deux usines racontent qu’un retard de cinq minutes leur coûtait une demi-journée de salaire. Et les journées de travail débutaient à 8 heures du matin même la veille ils avaient quitté à minuit. Des révélations qui ont fait grand bruit au Royaume-Uni. L’association dénonce d’abord ces violations des droits du travail, et enfonce le clou en épinglant le Comité des Jeux Olympiques de Londres qui n’a pas respecté les principes éthiques et de fourniture durable, pourtant clairement affichés. La Sacom a demandé au Comité d’enquêter sur ces deux usines. À suivre…

Adidas suspecté d’exploiter les ouvriers au Cambodge

À côté des deux mascottes, d’autres produits officiels des JO sont également épinglés pour violation des droits du travail. Cette fois-ci, c’est sur Adidas que tous les yeux se tournent. L’équipementier est dans le collimateur d’une association qui milite pour le respect des ouvriers du textile pour avoir exploité les ouvriers d’une usine aux environs de Phnom Penh au Cambodge. Des salariés contraints de travailler dix heures par jour, six jours par semaine, à un salaire mensuel de 120 dollars, soit 98 euros environ. Voici en substance ce qu’on reproche à Adidas. L’équipementier n’a pas tardé à réagir. Il est vrai qu’Adidas espère bien engranger pas moins de 115 millions de chiffre d’affaires avec ses produits sous licence London 2012. Il prétend être en conformité avec les exigences du Comité des Jeux Olympiques de Londres, et assure que les salaires pratiqués, chiffrés à 130 dollars mensuels en moyenne contre 120 selon son accusateur, sont deux fois supérieurs aux minimums légaux en vigueur au Cambodge. Le Comité olympique s’engage à ouvrir une enquête.

Trafic de billets au marché noir

Pour qui a acheté son billet pour les jeux auprès du Comité, la fourchette des prix va de 25 euros minimum à 1.230 euros pour la cérémonie d’ouverture. Mais des reporters du Sunday Times ont levé un lièvre en révélant un marché noir de billets. Se faisant passer pour des revendeurs illégaux, ils rapportent qu’ils ont été en contact avec une trentaine d’agents de 54 pays qui disposaient de billets excédentaires à vendre à prix d’or. Un officiel serbe aurait ainsi proposé 1.500 billets pour 99.000 euros. Le secrétaire général du Comité olympique serbe rejette ces allégations de revente illégale. Il prétend que les échanges de tickets pour des compétitions où les sportifs que l’on souhaite encourager ne sont pas présents sont monnaie courante. D’après lui, c’est le seul moyen dont disposent ses compatriotes pour se procurer des entrées et soutenir leur équipe.Quoi qu’il en soit, le CIO a diligenté une enquête, et reçu des preuves de la part du Sunday Times. Ses investigations devraient aboutir fin septembre début octobre.

Le personnel de nettoyage hébergé dans un bidonville

Si les sportifs les plus choyés, comme les footballeurs britanniques, peuvent se plaindre des conditions d’hébergement spartiates qui leur sont offertes au village olympique, les employés chargés du nettoyage s’en contenteraient bien volontiers. Ils sont des centaines a être logés dans un camp de cabines portables où ils sont entassés à 10 par chambre. Ce camp, aux allures de bidonville inondé par les eaux stagnantes, a été caché à la vue du public. Il héberge un grand nombre de travailleurs venus de l’étranger, alors que la promesse avait été faite de fournir des emplois à la main d’oeuvre britannique. Un WC pour 25 personnes, une douche à se partager à 75, voici le sort qui leur est réservé après s’être acquitté de 18 livres (22,14 euros) par jour, soit un loyer mensuel de 550 livres (676 euros). L’entreprise en charge de ce campement dont l’existence a été révélée par la presse, dément catégoriquement ces accusations. Elle prétend être en conformité avec les normes exigées pour ce type d’hébergement temporaire. Un de ses responsables, pour sa défense, va jusqu’à dire que « Ce n’est pas une prison. Personne n’est forcé d’y rester. Plusieurs de nos employés viennent de régions où le chômage est très élevé et sont très heureux de travailler dans les Jeux. »

Carbide

Depuis des mois, les associations de victimes de la catastrophe de Bhopal en Inde s’élèvent contre la présence de Dow Chemical au rang des sponsors des jeux. À leurs yeux, le géant américain de la chimie ne peut se laver de toute responsabilité dans la tragédie de Bhopal en 1984 causée par Union Carbide, même si Dow Chemical ne l’a rachetée que 17 ans après le drame. Un nuage de gaz toxique avait causé au moins 3.500 morts dans un premiers temps. Et par la suite, quelque 15.000 autres décès sont survenus à cause de maladies liées à l’inhalation du gaz. Au total, jusqu’à 800.000 personnes ont été affectées par cette catastrophe.Et à la veille de l’ouverture des jeux, une centaine d’enfants indiens nés avec un handicap à cause de l’accident chimique vont participer à un tournoi de football près l’usine à Bhopal en Inde, pour rappeler les conséquences de l’accident sur les naissances et la pollution environnementale. Dow Chemical rejette toute responsabilité dans l’affaire, arguant n’avoir pris possession de Union Carbide que 17 ans après la catastrophe. Un avis auquel se rangent aussi les officiels du CIO pour qui la présence de Dow parmi les sponsors ne pose pas de problème.

LeVif.be avec L’Expansion

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