© Epa

Côte d’Ivoire, l’escalade militaire

Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont pris quatre localités dans l’ouest. Les affrontements se poursuivent aussi Abidjan.

Tirs à l’arme lourde à Yopougon

Des tirs à l’arme lourde ont retenti lundi matin à Abidjan dans le quartier de Yopougon près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d’état-major des forces armées fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo.

C’est la première fois que des tirs d’armes lourdes sont rapportés dans ce fief du chef de l’Etat sortant depuis le début de la crise qui menace de faire basculer la Côte d’Ivoire dans la guerre civile.

Avancée des FN dans l’ouest

La veille, les forces alliées à Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, ont pris une quatrième localité de l’ouest du pays aux forces fidèles au chef d’Etat sortant Laurent Gbagbo.

A l’issue de combats, les « rebelles » des Forces nouvelles (FN) « ont pris la ville de Doké, entre Toulépleu et Bloléquin », a affirmé à l’AFP un milicien pro-Gbagbo, joint par téléphone depuis Abidjan dimanche.

Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont ainsi pris quatre localités dans l’ouest, leur prise majeure ayant été la ville de Toulépleu, tombée le 6 mars après des combats contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Laurent Gbagbo et les miliciens qui les appuient.

San Pedro en ligne de mire

L’objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin, à une dizaine de kilomètres de Doké, qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d’exportation de cacao au monde.

« Nous nous préparons avec les FDS à défendre Bloléquin parce qu’après Bloléquin ils comptent aller jusqu’à Guiglo et Duékoué », deux villes stratégiques de la région, a déclaré un milicien pro-Gbagbo, décrivant les combattants FN comme « bien équipés », dotés « de lance-roquettes, de mitrailleuses ».

L’ouest du pays est traversé par l’ancienne ligne de front, qui sépare le nord FN du sud contrôlé par le camp Gbagbo.

Poursuite des affrontements à Abobo

La reprise des combats dans la région la plus instable du pays intervient au moment où Abidjan est elle-même le théâtre d’affrontements armés entre insurgés pro-Ouattara et FDS, dans le quartier d’Abobo (nord), bastion du rival de Laurent Gbagbo.

Les FDS ont conduit samedi une offensive à Abobo, qui s’est soldée par la mort d’une dizaine de personnes mais ne semblait pas pour l’heure avoir fait bouger les lignes sur le terrain. Quartier le plus peuplé d’Abidjan avec quelque 1,5 million d’habitants, Abobo est devenu l’épicentre de la crise post-électorale, qui a fait près de 400 morts dans le pays selon l’ONU.

Loin des caméras, Alassane Ouattara a effectué pendant ce temps un retour discret au Golf hôtel d’Abidjan. Dans un communiqué, ses services ont confirmé ce retour « après un bref séjour à l’étranger, qui l’a conduit successivement à Addis Abeba, en Ethiopie, du 9 au 11 mars 2011, et à Abuja au Nigeria du 11 au 12 mars 2011 ».

L’Union africaine réitère son soutien à Ouattara

Alassane Ouattara a exprimé « ses sincères remerciements à l’Union africaine, au Conseil de paix et de sécurité, au Haut panel des chefs d’Etat, ainsi qu’à la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), pour leurs efforts inlassables en vue du triomphe de la démocratie en Côte d’Ivoire ».

Un panel de cinq chefs d’Etat africains avait confirmé le 11 mars, que l’UA considérait Alassane Ouattara comme le président élu de Côte d’Ivoire, après le scrutin du 28 novembre, et a demandé à la Cour constitutionnelle ivoirienne d’organiser son investiture. Le panel a en outre demandé à Alassane Ouattara de « faire preuve d’ouverture dans la formation de (son) gouvernement » et de « trouver une sortie honorable à monsieur Laurent Gbagbo ».

Une nouvelle réunion du CPS est prévu le 24 mars à Abuja. Cette réunion permettra de faire le point sur la mise en oeuvre des décisions du panel l’UA sur la Côte d’Ivoire, qui sont en théorie « contraignantes ». Pour le moment, l’UA ne dit pas par quel moyen elle compte faire respecter des décisions pourtant censées être « contraignantes ».

« L’UA est en train de laisser les Ivoiriens régler ça entre eux », estime une source diplomatique africaine à Abidjan. « Elle donne le feu vert à Ouattara et (à son Premier ministre, le chef de l’ex-rébellion) Guillaume Soro pour mettre en oeuvre sa décision par les moyens militaires », assure-t-elle, ajoutant: « ils n’ont d’ailleurs pas attendu l’UA ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire