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Côte d’Ivoire : entretien entre Gbagbo et Ouattara sous conditions

La rivalité entre le président autoproclamé Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, a occasionné près de deux mois de violences en Côte d’Ivoire. Ce lundi, le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, a évoqué le projet de discussions face à face entre les deux présidents. Chaque camp pose toutefois ses conditions.

Depuis le second tour de la présidentielle du 28 novembre, la Côte d’Ivoire traverse une grave crise politique marquée par des violences et des violations des droits de l’homme, le président sortant Laurent Gbagbo voulant se maintenir au pouvoir face à son rival, Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le chef de l’Etat légitime du pays, après avoir obtenu 54,10% des voix selon la Commission électorale indépendante.

Le Premier ministre kenyan Raila Odinga, médiateur de l’Union Africaine, a évoqué lundi la possibilité d’entretiens directs entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pour tenter de sortir de la crise politique. Un porte-parole d’Alassane Ouattara, reconnu comme le président élu de la Côte d’Ivoire par les Nations unies, a fortement nuancé ces propos. Il a posé comme condition préalable à tout entretien direct la reconnaissance par Laurent Gbagbo de sa défaite au second tour de la présidentielle le 28 novembre.

Raila Odinga a eu des entretiens lundi au palais présidentiel, où réside toujours Laurent Gbagbo. « Nous avons des discussions très fructueuses avec le président Gbagbo. Nous avons proposé des entretiens dont nous sommes convenus qu’ils auraient lieu demain », a rapporté le Premier ministre kenyan. « Il y a bien entendu un certain nombre de conditions à remplir. Nous allons désormais avoir des entretiens avec le président Ouattara et présenter les propositions sur lesquelles nous sommes parvenus à un accord avec l’autre partie. Si les termes (de cet accord) sont acceptés, alors les rencontres auront lieu demain », a-t-il ajouté.

Gbagbo doit reconnaître sa défaite

Patrick Achi, porte-parole d’Alassane Ouattara, a répété la condition constamment posée par le président internationalement reconnu de la Côte d’Ivoire: il ne saurait y avoir de pourparlers avec Laurent Gbagbo sans une reconnaissance préalable par ce dernier de sa défaite électorale.

En compagnie de représentants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Raila Odinga, le premier ministre kenyan, a déjà effectué le 4 janvier une mission de médiation en Côte d’Ivoire, qui n’a débouché sur aucun résultat concret.

Les émissaires africains avaient tout de même arraché à Laurent Gbagbo la promesse d’un allègement du blocus de l’hôtel du Golf à Abidjan, dans lequel sont retranchés Alassane Ouattara et son gouvernement sous la protection des casques bleus de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Ce blocus est pourtant toujours en vigueur.

Déjà 247 victimes

D’après l’Onuci, au moins 247 personnes sont mortes dans des violences post-électorales, notamment lors de raids nocturnes menés dans des quartiers jugés favorables à Alassane Ouattara. La tension est vive entre les partisans de Laurent Gbagbo et l’Onuci, dont le président sortant exige le départ du pays.

Des casques bleus ont tiré des coups de feu en l’air ce lundi pour disperser une foule de partisans de Laurent Gbagbo en colère. La police a répliqué de la même manière et cet incident a fait trois blessés, selon des témoins.

Gbagbo accepte l’offre

Le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo a « accepté » une offre de dialogue avec Alassane Ouattara proposée par Raila Odinga, le médiateur de l’Union africaine. Le président sortant attendait la réponse de son rival, a affirmé mardi à l’AFP le porte-parole du gouvernement Gabgbo, Ahoua Don Mello. « Une rencontre (entre les deux rivaux) dépend de la réponse du camp Ouattara », a-t-il déclaré.

Interrogé par l’AFP, le camp Ouattara n’a pas souhaité faire de commentaire. Le camp Gbagbo s’est déjà dit prêt ces dernières semaines à dialoguer avec le camp Ouattara. À l’issue de rencontres séparées lundi avec les deux présidents proclamés de Côte d’Ivoire, M. Odinga avait noté des « progrès » après une entrevue avec M. Gbagbo, ajoutant après son entretien avec M. Ouattara que les discussions se poursuivraient mardi sous certaines conditions.

« Nous avons eu des discussions très fructueuses avec le président Ouattara et (…) sous réserve que certaines conditions soient remplies, les discussions pourraient se poursuivre demain (mardi) », avait déclaré l’émissaire, sans préciser quelles étaient ces conditions.

Avant son arrivée à Abidjan, M. Odinga, dont la première visite de médiation début janvier avait été infructueuse, s’était dit porteur « d’une nouvelle offre de paix » à M. Gbagbo.

Le Vif.be, avec Belga et l’Express.fr

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