© EPA

Côte d’Ivoire : deux avocats de Gbagbo proposent le recomptage des voix

Deux célèbres avocats français recrutés par Laurent Gbagbo ont proposé dimanche un recomptage des voix du scrutin présidentiel du 28 novembre en Côte d’Ivoire, pour départager le sortant et son rival Alassane Ouattara, qui revendiquent tous deux la victoire.

Le pays est plongé dans une grave crise depuis que M. Gbagbo a été proclamé réélu par le Conseil constitutionnel, qui a invalidé les résultats de la commission électorale donnant M. Ouattara vainqueur. La communauté internationale reconnaît ce dernier comme président légitime et exige le départ du sortant.

« Nous sommes pour le décompte de nouveau de toutes les voix, si tout le monde est d’accord, sous le contrôle international », ont déclaré l’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères Roland Dumas et Jacques Vergès lors d’une conférence de presse.

« Faisons le décompte, je ne vois pas qui de bonne foi peut le refuser », a lancé Jacques Vergès au terme d’une visite de trois jours à Abidjan où ils ont rencontré à « trois reprises » Laurent Gbagbo.

« Nous avons trouvé quelqu’un de décidé à faire éclater la vérité sur certaines choses et à sortir de cette crise, pas à n’importe quel prix », a ajouté M. Dumas.

Laurent Gbagbo a proposé à plusieurs reprises la mise sur pied d’un « comité d’évaluation » international sur la crise post-électorale, une offre restée pour l’heure sans écho.

Les pro-Gbagbo suspendent leur projet d’investir le QG de Ouattara

Charles Blé Goudé, leader des « jeunes patriotes », fervents partisans de Laurent Gbagbo, a annoncé dimanche qu’il suspendait son projet de « libérer à mains nues » le Golf Hôtel d’Abidjan, qui sert de quartier général au camp d’Alassane Ouattara.

Plusieurs interlocuteurs ont saisi les jeunes patriotes « pour nous amener à surseoir à notre projet », et à l’issue d’une réunion sur la question dimanche, « nous avons décidé de donner une chance à la négociation qui est en cours », a déclaré M. Blé Goudé, par ailleurs ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo.

« Mais nous mettons en garde les occupants du Golf Hôtel que nous ne sommes plus prêts à accepter quelque déclaration que ce soit menaçant d’attaquer les Ivoiriens, auquel cas – je le précise – nous viendrons les chercher, les déloger, les mains nues, de cet hôtel, quelle que soit l’armée qui va les protéger », a-t-il ajouté.

Il a précisé qu’il remobiliserait ses partisans dès mardi, au lendemain de la venue à Abidjan d’une mission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union africaine

Plus de 12.500 Ivoiriens réfugiés et déplacés

Le gouvernement de Laurent Gbagbo a affirmé dimanche avoir recensé plus de 10.000 Ivoiriens réfugiés au Liberia et en Guinée, et plus de 2.500 déplacés en Côte d’Ivoire en raison de la crise post-électorale, dénonçant la non-assistance des organisations internationales.

Depuis l’élection présidentielle contestée du 28 novembre, « on compte 10.000 Ivoiriens à la frontière du Liberia dans le dénuement total et des conditions précaires, sans aucune assistance. On en dénombre également à la frontière avec la Guinée », a affirmé à la télévision d’Etat RTI Anne Gnahouret, ministre de la Solidarité de M. Gbagbo.

Vendredi, le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a affirmé avoir enregistré 18.091 réfugiés au Liberia en provenance de la Côte d’Ivoire, avec un rythme continu d' »environ 400 à 500″ arrivées par jour. Environ 200 Ivoiriens sont également réfugiés en Guinée, de même source.

Selon Mme Gnahouret, le gouvernement Gbagbo a également recensé plus de 2.500 Ivoiriens ayant fui « les zones tenues par les rebelles pour échapper aux exactions » dans le nord du pays, sous contrôle des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) qui appuient Alassane Ouattara, rival de M. Gbagbo et reconnu président à l’extérieur.

Il s’agit selon elle de « violations flagrantes des droits humains » que « les organisations internationales » chargées de les défendre « ont décidé d’ignorer ».

Les violences ont fait depuis mi-décembre 179 morts, d’après l’Onuci. Le gouvernement de Gbagbo a rejeté ce bilan, affirmant avoir dénombré depuis fin novembre 53 morts alors que le camp de Ouattara a fait état de plus de 100 morts.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire