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Corée du Nord : une bombe à hydrogène miniaturisée ?

Le Vif

Le dispositif thermonucléaire que la Corée du Nord dit avoir utilisé est pensé pour être suffisamment petit et léger pour tenir sur missile. Quel peut être son impact ?

La Corée du Nord revendique un essai nucléaire effectué avec une bombe à hydrogène miniaturisée. Des tremblements ont été captés par des sismologues aux Etats-Unis, en Corée du Sud et en Chine à 10h00 (heure locale) sur un site connu d’essais nucléaires, à Punggye-ri. Ce test a été confirmé par la télévision d’Etat nord-coréenne.

Bombe thermonucléaire

Une bombe thermonucléaire, aussi connue sous le nom de « bombe à hydrogène », fonctionne via une explosion en deux étapes: une réaction de fission nucléaire et une réaction de fusion nucléaire explique John Carlson, ancien chef du Australian Safeguards and Non-Proliferation Office, au quotidien britannique The Guardian.

La première explosion est la réaction de fission, utilisée pour la bombe atomique A. Cela émet des rayons X qui causent une seconde explosion, déclenchée par la fusion du tritium et du deutérium, deux isotopes de l’hydrogène.

Ces deux isotopes se repoussent de manière naturelle, mais les rayons X affaiblissent cette force de répulsion, ce qui provoque la fusion. C’est la fusion de ces deux isotopes qui déclenche l’important dégagement d’énergie qui rend les explosions nucléaires si destructrices.

Dans la fission nucléaire, le noyau de l’atome se divise pour produire deux éléments plus petits, souvent en libérant des particules subatomiques libres et de l’énergie. Dans la fusion nucléaire, deux ou plusieurs noyaux atomiques se rencontrent et se combinent. Durant le processus, une partie de leur masse est convertie en de grandes quantités d’énergies. La fusion est la réaction qui alimente le soleil, par exemple.

L’impact d’une « bombe miniaturisée »

« Si c’est vrai (NDLR : qu’ils ont utilisé une bombe à hydrogène miniaturisée), cela signifie qu’ils l’ont fabriquée à toute petite échelle, et donc qu’elle est susceptible d’être posée sur un missile« , confie John Carlson au Guardian. « Je pense qu’on peut dès lors supposer que les précédents essais effectués ont été faits avec des dispositifs trop volumineux pour être placés sur un missile« .

Selon Carlson, le but des Nord-coréens serait de développer une arme « assez petite et légère que pour la placer sur un missile, et les paramètres habituels sont quelque chose de moins d’un mètre de diamètre et de moins d’une tonne (…) Idéalement, cela devrait être même encore plus petit, peut-être 750mm et la moitié d’une tonne, mais c’est sans doute au-delà de leurs capacités« , ajoute-t-il.

L’objectif principal de cet essai avec une bombe miniaturisée, c’est de montrer de quoi la Corée du Nord est capable, et que ses pouvoirs ont augmenté. Le plus important, « c’est l’impact psychologique « , conclut Carlson.

Les experts du nucléaire sceptiques

Les spécialistes du nucléaire ont accueilli l’annonce nord-coréenne d’un premier essai de bombe H avec scepticisme, l’activité sismique détectée correspondant selon eux à l’explosion d’un engin bien moins puissant.

« Les données sismologiques suggèrent que l’explosion a été considérablement moins forte que celle qu’on attendrait d’un essai de bombe H« , a déclaré le spécialiste de la politique nucléaire Crispin Rovere, basé en Australie. « A première vue, il semblerait qu’ils aient mené un essai nucléaire réussi mais n’ont pas réussi à mener à bien la deuxième étape, celle de l’explosion d’hydrogène« .

(OL AFP)

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