Des membres de la famille de Vincent Lambert. © AFP

Conseil de famille à haute tension autour d’un Français en état végétatif

Le Vif

Le laisser mourir ou pas ? Les médecins du tétraplégique français en état végétatif, Vincent Lambert, ont convoqué sa famille jeudi pour annoncer leur décision sur l’arrêt des soins, qui a reçu en juin un feu vert de la justice européenne.

Ses proches, en conflit ouvert sur la question, se retrouvent à l’hôpital de Reims (est), où est soigné l’ancien infirmier psychiatrique de 38 ans qui souffre de lésions cérébrales irréversibles depuis un accident de la route en 2008.

Depuis deux ans, ils s’opposent par tribunaux interposés ou dans les médias sur le sort de leur époux, fils ou frère, dont le dossier a rouvert le débat sur la fin de vie en France.

Quelques heures avant les retrouvailles, qui s’annoncent tendues, François Lambert, neveu de Vincent, faisait part de sa sérénité, à deux pas de l’hôpital.

« Je suis plutôt serein car ils (les médecins) ne peuvent pas prendre une autre décision que l’arrêt des traitements d’autant que l’état de Vincent ne s’est pas amélioré », a-t-il déclaré devant de nombreux journalistes.

Une trentaine de personnes, dont une jeune femme qui priait en égrenant un chapelet, se sont rassemblées non loin de l’hôpital pour soutenir les parents, des catholiques convaincus farouchement opposés à l’arrêt des soins.

Ils ont revêtu des tee-shirts à l’effigie de Vincent, sur lesquels était écrit: « Il se tait on le tue, ne nous taisons pas ».

Certains sont venus de l’autre bout de la France, comme Guillaume qui s’est déplacé depuis la région Auvergne, pour qui « c’est inhumain et contraire aux droits de l’homme de faire mourir quelqu’un de soif » : « c’est notre frère en humanité, il y a un moment où la science doit s’effacer devant l’humain », a-t-il insisté.

Le « conseil de famille » a été convoqué par la médecin Daniela Simon, cheffe du service où est hospitalisé Vincent Lambert, une semaine après le lancement d’une procédure collégiale pour statuer sur son sort.

« L’objectif de cette réunion sera, tout en tenant compte des constatations du Conseil d’Etat et de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), de vous informer des conclusions de la procédure collégiale menée et de la décision que j’aurai prise », a-t-elle écrit aux proches de son patient.

En juin, la CEDH a donné son feu vert à un arrêt de l’hydratation et de l’alimentation du patient, jugeant comme la justice française que la poursuite des traitements relèverait de l' »obstination déraisonnable ».

Selon une source proche du dossier, les derniers examens cliniques ont confirmé la gravité des atteintes cérébrales et des troubles de la déglutition rendant impossible toute hydratation ou nutrition efficace par voie orale.

Recours immédiat

« La décision d’arrêt des traitements qui laisserait enfin partir Vincent ne fait pas vraiment de doute », a estimé son neveu François Lambert, qui souhaite comme son épouse Rachel et une grande partie des frères et soeurs le « laisser partir ».

Pour eux, Vincent Lambert était opposé à tout acharnement thérapeutique et n’aurait jamais voulu être maintenu artificiellement en vie. Des propos corroborés par des camarades de promotion, qui ont remis fin juin à l’hôpital de Reims quelque 13 témoignages en ce sens.

Si les médecins décident d’arrêter les traitements, il faudra moins de huit jours pour que Vincent Lambert s’éteigne définitivement.

Sauf que ses parents, qui martèlent que leur fils n’est pas en fin de vie, ont déjà fait savoir qu’ils saisiraient immédiatement la justice administrative pour faire bloquer la décision.

La procédure a peu de chance d’aboutir compte tenu des arrêts de la CEDH, mais pourrait encore retarder la mise en place du protocole de fin de vie, selon une source juridique proche du dossier.

Parallèlement, ils ont déposé plainte pour « tentative d’assassinat et séquestration » contre l’hôpital de Reims et les médecins qui s’occupent ou se sont occupés de Vincent qui ont tous reçu le soutien de l’Ordre des médecins.

Mardi, des évêques du centre-est, dont le cardinal Philippe Barbarin, se sont élevés contre un arrêt des soins, estimant que le « terme de la vie n’appartient à personne ».

En France, l’euthanasie n’est pas légale mais une loi de 2005 permet de mettre un terme selon un cadre précis à l’acharnement thérapeutique.

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