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Congo : Labille dans la poudrière

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Jean-Pascal Labille, ministre de la Coopération, touche à la réalité du terrain est-congolais au moment-même où se déploie la Brigade d’intervention chargée de désarmer les rebelles. Sa connaissance de la concertation sociale va-t-elle lui être utile de Goma à Bukavu et de Kigali à Kinshasa ?

Le temps est compté pour Jean-Pascal Labille, l’ex-n°1 des mutualités socialistes, qui a succédé en janvier dernier à Paul Magnette comme ministre fédéral de la Coopération et des entreprises publiques. Le mandat du Liégeois s’achève en principe dans dix mois, avec les élections législatives du 25 mai 2014. Que faire en si peu de temps en matière de Coopération au développement, alors que les défis sont multiples et que le gouvernement vient de décider de grappiller encore quelque 50 millions d’euros dans le budget 2013 du département (l’aide belge perdra 125 millions supplémentaires en 2014, pour tomber sous la barre des 0,45 % du RNB) ?

« Vu le peu de mois qui nous restent avant la fin de la législature, le ministre a décidé de concentrer son attention sur l’Afrique centrale », signale l’un des proches conseillers du ministre PS. Après une visite de travail à Kinshasa, en mars, puis un déplacement à Kigali, en juin, au cours duquel Labille s’est efforcé de détendre les relations belgo-rwandaises, le ministre est reparti, du 4 au 9 juillet, pour la région des Grands lacs. Cette fois, Kigali n’est qu’une brève escale sur la route de Bukavu et Goma, dans l’Est du Congo. Le ministre belge se rend au Kivu au moment-même où s’y déploie la Brigade d’intervention, une force onusienne chargée de mener des actions offensives pour neutraliser les groupes rebelles qui déstabilisent la région. Au total, quelque 3 000 hommes fournis par la Tanzanie, l’Afrique du Sud et le Malawi participent à cette mission intégrée au sein de Monusco, la force de paix de l’Onu. Les Tanzaniens patrouillent déjà sur l’axe Goma-Sake, non loin des positions du M 23, le mouvement rebelle qui avait brièvement occupé la capitale du Nord-Kivu en novembre 2012.

A Bukavu, au Sud-Kivu, Labille rencontrera des organisations féminines et visitera la clinique de Panzi, où le docteur Denis Mukwege a écouté et accompagné de nombreuses femmes victimes de viols. A Goma, le ministre se rendra dans les camps de réfugiés, rencontrera le société civile et visitera une banque de sang mise sur pied avec le concours de l’Université de Liège. « Le but de notre présence est de redonner une visibilité médiatique à ce qui se passe aujourd’hui dans l’Est, où les tensions restent vives et où la situation humanitaire est alarmante, explique l’entourage du ministre. Nous voulons aussi proposer des projets de collaboration qui seraient des sources d’apaisement entre la RDC et ses voisins et auraient une haute valeur symbolique. Par exemple, développer les transports sur les lacs frontaliers. » Enfin, à Kinshasa, le ministre belge devrait rencontrer le président Joseph Kabila et certains ministres. Objectif : préparer le futur programme de coopération avec la RDC. Plusieurs projets du programme actuel n’ont pu être mis en oeuvre. Il y aura aussi une réflexion sur le retour du secteur de la santé dans l’aide belge au Congo.

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