© AFP

Conclave au Vatican: Vatileaks, pédophilie, les dossiers qui fâchent

Le Vif

Les « congrégations » préparant l’élection du 266e pape ont débuté ce lundi à Rome. Quels sujets vont être mis sur la table par les 209 cardinaux convoqués au Vatican? Levif.be fait le point sur les explications réclamées.

Des explications franches sur le fonctionnement de l’Eglise. Quatre jours après la démission historique du pape, voilà ce que réclament les cardinaux alors que les rencontres au Vatican, destinées à préparer le prochain conclave et repérer les « papabili », ont débuté ce lundi.

Quel est portrait-robot du prochain pape?

« Nous voulons avoir connaissance de ce qui se vit dans le Vatican, dans l’ensemble de l’organisation centrale de l’Eglise qui a été un peu chahutée ces temps derniers », a déclaré à quelques journalistes le cardinal français Philippe Barbarin, en sortant de la première session ce lundi matin. « Si nous voulons prendre les bonnes décisions, je suis certain que nous devons avoir quelques informations à ce sujet », a renchéri le cardinal sud-africain Wilfrid Napier, à propos du scandale Vatileaks qui a révélé intrigues et graves tensions au sein de la Curie romaine.

Le cardinal archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, est allé dans le même sens. « Je pense que nous sommes là pour la semaine et quelques jours de la semaine prochaine. Nous prendrons tout le temps qu’il faut pour déterminer de quelle sorte de pape nous avons besoin. J’aimerais qu’il soit polyglotte, homme de foi, de dialogue. Il pourrait être jeune mais pas obligatoirement. Le nouveau pape aura nécessairement à affronter les problèmes dans la Curie », a déclaré le prélat français. Benoît XVI, très respecté pour son message religieux et sa cohérence, se voit en revanche reprocher de n’avoir su réformer le gouvernement central de l’Eglise.

Comment éviter un nouveau Vatileaks?

Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a indiqué qu’il n’y aurait pas de discussion générale à propos de Vatileaks, ajoutant toutefois que les cardinaux, venus du monde entier, pouvaient demander à leurs collègues « toutes les informations qu’ils jugent nécessaire ». Les turbulences au Vatican, et, récemment, les spéculations sur un prétendu « lobby gay », sont mal perçues par les cardinaux venus d’ailleurs. Selon eux, ils déforment l’image d’une Eglise à maints égards dynamique et courageuse, confrontée à des problèmes de survie.

Pour le cardinal espagnol Carlo Amigo Vallejo, « Vatileaks, c’est beaucoup de bruit pour rien, des problèmes d’organisation, de perfectionnement de la structure ». Les chrétiens d’Afrique « ne se préoccupent pas beaucoup des petits problèmes de notre vie interne et de notre organisation », a-t-il dit, un peu amer.

Mgr Barbarin a d’ailleurs insisté sur le fait que les cardinaux devaient aussi avoir « un regard sur l’Eglise universelle ». « Nous avons envie et besoin d’avoir un regard sur l’Eglise en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique…. Ça nous fait pas mal de travail pour les jours à venir! »

Des cardinaux ont-ils protégé des prêtres pédophiles?

Les 209 cardinaux, électeurs (moins de 80 ans) ou non, ont été convoqués par le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré collège, pour ces « congrégations » de préparation au conclave. Lundi matin, 142 d’entre-eux étaient présents, dont 103 électeurs, a précisé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.
Quelques-uns, trop âgés ou malades, sont excusés. La date très attendue du Conclave ne pourra être connue (à l’issue d’un vote à la majorité absolue) que lorsque tous les électeurs – 115 annoncés – seront présents.

Parmi les absents, l’ancien primat d’Ecosse, Keith O’Brien, a admis dimanche avoir eu des « comportements déplacés » à l’égard de jeunes prêtres de son diocèse, après que sa démission eut été acceptée par Benoît XVI la semaine dernière. Cet aveu met crûment en lumière le malaise sur les moeurs au sein de l’Eglise, dont les préceptes de chasteté et de pureté ne sont pas toujours observés par ses membres.

Une clarification sur ces sujets, ainsi que le dossier brûlant des cardinaux – dont certains présents aux congrégations – accusés d’avoir protégé des prêtres pédophiles, devrait intervenir. En matière de pédophilie, la tolérance zéro et la recommandation à tous les évêques de collaborer avec les justices civiles ont tardé à devenir effectives. Les trois-quarts des conférences épiscopales ont élaboré des dispositifs de lutte. D’autres tardent, faute de moyens, et semble-t-il de conviction. Les abus continuent d’être dénoncés en Occident, portant surtout sur la période 1965/85. Ainsi l’archevêché de Los Angeles est au centre d’un vaste scandale ancien de protection de prêtres pédophiles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire