Donald Trump. © REUTERS

Comment les indiscrétions de Trump pourraient ruiner les relations des USA avec leurs alliés

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les alliances et les partages vitaux de renseignements entre les Etats-Unis et d’autres pays pourraient être mis à mal de manière permanente s’il s’avère exact que Trump a révélé aux Russes des informations classifiées.

Selon le Washington Post, le président américain Donald Trump a évoqué des renseignements concernant une opération du groupe Etat islamique en préparation lors de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov. Ces informations avaient été communiquées par un partenaire des Etats-Unis qui n’avait pas donné l’autorisation de les partager avec Moscou.

Confiance des alliés proches

Donald Trump n’a pas vraiment enfreint la loi. En effet, un président dispose d’une grande marge de manoeuvre pour déclassifier les informations dont il dispose. Mais son initiative pourrait mettre en danger le partage de renseignement avec des alliés proches. La divulgation de ces informations sensibles pourrait donner des indications sur la façon dont elles ont été collectées, et pourrait par ailleurs mettre en difficulté des sources.

Cela pourrait aussi endommager à long terme les relations de confiance entre les Etats-Unis et les alliés avec qui ils partagent des informations sensibles, vitales pour la sécurité des pays en question. « Au cours de la transition (de pouvoir), de nombreux alliés ont exprimé leur inquiétude. L’équipe de Trump pourrait partager ses informations avec Moscou. Les nouvelles d’aujourd’hui vont aggraver cette préoccupation« , prévient Colin Kahl, haut fonctionnaire du Conseil national de sécurité (NSC) de l’administration Obama, dans un tweet.

Donald Trump et Sergei Lavrov
Donald Trump et Sergei Lavrov © AFP

Impact sur la sécurité

La manière dont les alliés des Américains partagent les informations importantes des réseaux de renseignement est soigneusement calibrée. C’est une monnaie d’échange dans les relations bilatérales et un indice sur les liens qui unissent les deux pays. Une des plus étroites relations du genre est le « Five Eyes », qui regroupe les renseignements de plusieurs pays anglophones (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). L’attitude de Trump vis-à-vis des secrets d’Etat ne peut qu’approfondir les doutes au sein de ce type d’alliance. Une ancienne analyste des renseignements canadiens, Stephanie Carvin, a notamment tweeté :  » L’actualité selon laquelle Trump donne des informations classifiées aux Russes est l’un des pires scénarios pour les alliés des Américains, en particulier le Five Eyes« .

Or, si le partage des informations des agences de renseignement diminue, cela pourrait avoir un impact considérable sur la sécurité, notamment en termes de terrorisme, où la transmission régulière d’informations vise à prévenir au maximum les attaques prévues et les zones ciblées. « Des gens pourraient mourir, y compris des citoyens américains, si la peur des fuites de Trump entraîne le refus de partager des informations sensibles à l’avenir « , a déclaré Richard Nephew, ancien du NSC.

Défiance de Trump envers ses propres renseignements

Déjà avant cette indiscrétion du Président, il y a eu des inquiétudes à propos des agences partenaires de la CIA à l’étranger, qui sont notamment mal à l’aise vis-à-vis des relations entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Dans les jours précédant son investiture, les officiers de renseignements israéliens, par exemple, avaient émis des réserves par rapport au fait que la nouvelle administration pourrait partager certaines informations avec la Russie, puis avec l’Iran, nous apprend un article du Guardian.

Trump lui-même montre du mépris vis-à-vis de la communauté de renseignement américaine. Il semble souvent donner plus de crédibilité aux sites complotistes et au Kremlin qu’à ses propres services de renseignements.

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