L'opération policière de ce mercredi à Saint-Denis © REUTERS

Comment le djihadiste belge le plus recherché peut-il se trouver à Paris ?

L’opération antiterroriste à Saint-Denis près de Paris visait le Belge Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau des attentats de Paris. C’est le djihadiste belge le plus recherché, mais il a pu déjà faire (plusieurs ?) allers et retours. Pour l’expert en djihad Montasser AlDe’emeh, chercheur à l’Université de Nimègue, c’est la preuve de l’amateurisme des services de sécurité.

Abdelhamid Abaaoud alias Abu Omar al-Beljiki est parti en Syrie début 2013. Chez nous, il est notamment connu pour les images de lui tournées l’année passée près de la frontière turco-syrienne où on le voit ricaner et remorquer des cadavres. Mais entre-temps, il a été signalé en Grèce et en début d’année, il a été cité comme le cerveau de la cellule terroriste de Verviers visée par la police belge une semaine après l’attentat contre Charlie Hebdo. Il a raconté au magazine Dabiq publié par l’État islamique qu’il avait échappé de justesse à cette action policière.

Ce mercredi, les services de sécurité français ont signalé que l’action antiterroriste à Saint-Denis était dirigée contre Abaaoud. Aussi se demande-t-on pourquoi le terroriste tristement célèbre se trouve à Paris et a réussi à rentrer en Europe en passant inaperçu. Interrogé à ce sujet sur Radio 1, le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) a répondu : « Je ne peux pas m’étendre là-dessus ».

L’islamologue et expert en jihad Montasser AlDe’emeh, chercheur à l’Université Radboud de Nimègue, se dit très étonné d’avoir appris que le djihadiste belge le plus recherché se trouverait à Paris.

« Services de sécurité amateurs »

« Il semble qu’on ne sache pas quand Abaaoud est rentré et où il réside. Mais il y a d’autres jeunes qui sont partis et revenus de Syrie, à notre insu. Cela prouve à quel point les services de sécurité sont amateurs ».

Pour AlDe’emeh, le fait que pour l’instant notre pays échappe aux attentats n’a aucun rapport avec les mérites des services de sécurité. « Cela signifie uniquement que pour l’instant, nous ne sommes pas une priorité pour l’EI. La France est une grande puissance et attire plus l’attention. »

AlDe’emeh souligne aussi le danger à penser que l’EI en Europe dépend de ce qu’on appelle les « lone wolves ». « Ils agissent avec plus de stratégie qu’on ne le pense. Il semble qu’ils réussissent bien à échapper au radar. En même temps, le danger vient aussi de sympathisants de l’EI qui n’ont jamais été en Syrie. »

« Retirer la nationalité »

« Les premiers djihadistes qui partaient en Syrie ne connaissaient pas le contexte géopolitique. Je pouvais comprendre que certains faisaient le mauvais choix et rentraient dégoûtés. Ceux qui partent encore maintenant, ont eu suffisamment de temps pour réaliser ce qu’il se passe. Ils voient aussi que les djihadistes de l’EI tuent des rebelles anti-Assad, que le califat de l’EI ne protège pas les musulmans » explique AlDe’emeh.

Aussi AlDe’emeh est-il (désormais) d’avis qu’il faut retirer leur nationalité à ceux qui rejoignent encore l’EI maintenant. « Ils savent qu’ils prennent les armes contre notre société. Notre paix sociale est en jeu et nous devons éviter coûte que coûte la polarisation et la peur. » (KVDA)

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