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Comment fonctionne le groupe Etat islamique?

Le Vif

Comment fonctionne et qui dirige le groupe Etat islamique (EI), une organisation inaccessible au monde extérieur qui a revendiqué les récents attentats à Paris, à Beyrouth et contre l’avion russe qui s’est écrasé dans le Sinaï égyptien ?

Comment fonctionne et qui dirige le groupe Etat islamique (EI), une organisation inaccessible au monde extérieur qui a revendiqué les récents attentats à Paris, à Beyrouth et contre l’avion russe qui s’est écrasé dans le Sinaï égyptien ?

Qui dirige l’EI ?

L’EI est dirigé par Abou Bakr al-Baghdadi, qui s’est proclamé en juin 2014 « calife » des territoires conquis en Syrie et en Irak. Il joue un rôle majeur mais les responsabilités des actions militaires et de l’administration du « califat » sont réparties entre responsables, notamment basés à Raqa et Mossoul, les fiefs de l’EI respectivement en Syrie et en Irak. Soucieux de fonctionner comme un Etat, l’EI a mis en place des administrations pour gérer des services, comme l’éducation. « Baghdadi semble être une figure de premier plan dans le processus de décision », indique Aymenn al-Tamimi, chercheur au Middle East Forum. « Mais je pense qu’il existe une certaine autonomie accordée aux échelons locaux ».

Qui ordonne les attaques ?

Il n’y a toujours pas de preuve tangible que de hauts dirigeants de l’EI ont ordonné les attaques commises le vendredi 13 novembre à Paris, même si c’est Baghdadi qui prend les décisions stratégiques. « Nous n’avons pour le moment aucune preuve que les attaques à Paris ont été ordonnées par les plus échelons de l’Etat islamique », affirme M. Tamimi. « Les opérations sont vraisemblablement exécutées par des commandants sur les ordres de Baghdadi », souligne pour sa part Harleen Gambhir, de l’Institute for the Study of War. Des agents liés à l’EI ont « tenté d’attaquer l’Europe à plusieurs reprises cette année. Les attaques de Paris représentent un succès tout simplement, plutôt qu’un évènement unique ayant requis une permission spéciale de Baghdadi ».

Comment se font les recrutements ?

L’EI se sert d’une machine de propagande très développée pour produire des vidéos, photos et déclarations concernant ses activités y compris des exécutions brutales menées en public, pour l’aider à attirer des recrues. Un grand nombre de supporters disséminent ce matériel en ligne. Mais pour une opération comme celle menée à Paris, avoir des agents avec des connexions en Europe est un facteur clé. L’EI « a vraisemblablement choisi d’utiliser des combattants étrangers européens pour lancer les attaques de Paris car ces combattants maintiennent des connexions avec des réseaux radicaux et criminels dans leurs pays », estime Harleen Gambhir. « Ces réseaux aident à fournir les armes et la logistique nécessaires à la mise en oeuvre d’une opération comme les attaques de Paris », affirme-t-elle.

Quelles sont ses sources de financement ?

Il y en a plusieurs selon les experts. Sur le territoire qu’il contrôle en Irak et en Syrie, l’EI pratique l’extorsion et impose des taxes aux populations locales. A quoi s’ajoutent la contrebande de pétrole et de pièces d’antiquité ou les rançons pour la libération d’otages. Selon une enquête du Financial Times publiée en octobre, le seul trafic de pétrole rapporterait à l’EI 1,5 million de dollars par jour avec un baril au prix moyen de 45 dollars.

Mais les opérations extérieures sont vraisemblablement financées indépendamment, même si elles pourraient également compter sur un financement de l’organisation. Le fonctionnement de l’EI « est différent de celui d’Al-Qaïda », souligne Matthew Levitt, ancien responsable du Trésor américain aujourd’hui au Washington Institute. Cela est dû au fait qu’il « contrôle un grand territoire, et peut ainsi imposer des taxes à la population, des formes d’extorsion et tout genre d’activité criminelle ». Mais « le type d’opérations comme celles que nous venons de voir à Paris sont vraisemblablement financées par des fonds indépendants, provenant essentiellement d’activités criminelles », explique-t-il.

Combien coûtent les attaques ?

Pas beaucoup, surtout par rapport aux grosses sommes dépensées pour y répondre ou les empêcher. Le coût dépend du nombre de personnes impliquées dans l’exécution et la préparation. « Il ne s’agit pas de grosses sommes. Ces choses sont bon marché », assure Matthew Levitt. L’opération menée à Paris peut avoir coûté moins de 50.000 dollars (46.900 euros), estime-t-il, en fonction du nombre de personnes impliquées.

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