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Combats acharnés à Alep, nouvelles manifestations anti-régime en Syrie

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

L’armée syrienne, appuyée par des chars et des hélicoptères, a livré combat vendredi aux rebelles près de ses bases à Alep, dans le nord du pays où de nouvelles manifestations anti-régime ont eu lieu malgré les violences meurtrières.

Des rassemblements pour réclamer le départ du président Bachar al-Assad ont eu lieu à Idleb (nord-ouest), Alep, Damas, Hama (centre) et dans la région de Deraa (sud), à la sortie des mosquées après la prière hebdomadaire de midi.

Les militants anti-régime, qui appellent à descendre dans les rues chaque vendredi depuis le début du conflit il y a 18 mois, avaient placé cette journée sous le slogan « les bien-aimés du Prophète en Syrie sont massacrés », alors que le monde musulman étant secoué par des manifestations contre un film dénigrant l’islam et la publication de caricatures du prophète Mahomet.

A Alep, théâtre d’une bataille cruciale depuis deux mois, des combats ont eu lieu vendredi autour de la caserne de Hanano, sous la mitraille des hélicoptères de l’armée, et dans de nombreux quartiers de la ville, accompagnés d’intenses bombardements, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Dans le marché autrefois bondé de la Vieille ville, les magasins avaient tous leurs rideaux baissés alors que des rebelles étaient positionnés aux croisements des ruelles survolées par des hélicoptères, a constaté l’AFP.

Dans la région, des combats ont eu lieu dans le secteur de l’aéroport militaire de Managh, a ajouté l’OSDH qui s’appuie sur un vaste réseau de militants et de témoins.

A Damas, l’agence officielle Sana a annoncé la découverte de 25 corps ensevelis dans une fosse commune à Qadam, l’un des quartiers du sud déclarés « sinistrés » par l’opposition après deux mois de violents combats. Sana a accusé les « groupes terroristes », terme utilisé par le régime pour évoquer les rebelles.

Sept corps ont été également découverts dans le quartier voisin de Hajar al-Aswad, repris mercredi par les forces du régime après des combats intenses, selon l’OSDH.

Opposants enlevés

Dans le reste du pays, l’armée a continué à bombarder des quartiers rebelles à Homs (centre), dévastée par les violences, qu’à Deir Ezzor (est), selon la même source.

En outre, trois membres du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), un groupe de l’opposition basé en Syrie, ont été enlevés jeudi près de Damas, sur la route de l’aéroport, où l’un d’eux venait de rentrer de Chine, selon ce groupe et l’OSDH.

Selon un bilan provisoire de l’OSDH, 88 personnes, dont 49 civils, ont péri vendredi à travers le pays, au lendemain d’une journée particulièrement meurtrière avec 225 morts, en majorité des civils.

Aucune issue au conflit, qui a déjà fait 29.000 morts selon l’OSDH, n’est en vue en raison de la détermination des belligérants et des divisions au sein de la communauté internationale.

A l’étranger, le vice-président américain Joe Biden, dont le pays réclame le départ du président Assad, a demandé à l’Irak d’empêcher tout Etat « de profiter du territoire ou de l’espace aérien irakien pour envoyer des armes en Syrie », selon la Maison Blanche.

M. Biden n’a pas précisé à quel pays il faisait allusion mais début septembre, les Etats-Unis avaient demandé à Bagdad de faire atterrir et de fouiller les avions iraniens survolant l’Irak à destination de la Syrie.

L’Irak a annoncé vendredi avoir interdit à un avion nord-coréen de survoler son territoire pour se rendre en Syrie, assurant craindre que l’appareil ne transporte des armes.

En visite à Rome, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, Abdel Basset Sayda, a estimé que le conflit avait atteint « un point d’extrême gravité », susceptible de provoquer « une situation catastrophique et davantage d’extrémisme y compris dans les pays voisins ».

Face à une situation humanitaire qui s’aggrave, le Programme alimentaire mondial de l’ONU a demandé un meilleur accès aux régions les plus touchées, les besoins en nourriture, médicaments et abris augmentant du fait de l’escalade de la violence. L’objectif est d’aider 1,5 million de personnes ce mois-ci.

LeVif.be, avec Belga

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