Climat et commerce: les USA pèsent sur le G20

Le gouvernement américain de Donald Trump, aux positions climato-sceptiques et hostiles au libre-échange, a réussi à peser sur la gouvernance mondiale en faisant retirer du communiqué final du G20 Finances samedi les mentions du protectionnisme et de l’Accord de Paris.

« Un désaccord entre un pays et tous les autres », a résumé le ministre français Michel Sapin lors d’une conférence de presse. Sur le commerce mondial, « nous travaillons à renforcer la contribution du commerce à nos économies », écrivent sobrement les ministres des pays les plus puissants du monde réunis vendredi et samedi à Baden-Baden (ouest de l’Allemagne) pour des négociations laborieuses sur ces deux points.

La traditionnelle condamnation du protectionnisme que le G20 reprenait comme en antienne a donc disparu du texte de cinq pages. Selon plusieurs sources, les Etats-Unis s’y opposaient, compte tenu des positions hostiles au libre-échange de Donald Trump.

De même, aucune mention de l’Accord de Paris sur le changement climatique, quelques jours après la présentation par l’administration américaine d’un projet de budget qui sabre les fonds alloués à la lutte contre le réchauffement et alors que M. Trump a multiplié les sorties hostiles à la lutte contre le changement climatique.

« Je regrette (…) que nos discussions aujourd’hui n’aient pas pu aboutir de manière satisfaisante sur deux priorités absolument essentielles dans notre monde actuel et sur lesquelles la France souhaite que le G20 continue à agir fermement et de manière concertée », a réagi Michel Sapin. Il a toutefois estimé que ces absences ne traduisaient pas un recul ou une inflexion de la gouvernance mondiale.

« Il n’y a aucun infléchissement de la position du G20, c’est parce qu’il n’a pas voulu infléchir sa position qu’il n’y a pas eu de mention » sur le libre-échange et Paris, a-t-il assuré. La formule choisie sur le commerce mondiale signifie: « Nous ne sommes pas d’accord avec les Etats-Unis », a-t-il commenté.

L’Allemagne, qui préside le G20 cette année et qui a beaucoup oeuvré pour éviter un esclandre ou un fracture ouverte visible de tous, a aussi tenu à minimiser la portée de ces inflexions à la doctrine du G20. « Les Américains n’ont pas été isolés. C’est le rôle de la présidence (du G20) de réunir, pas d’isoler », a déclaré lors de la conférence de presse finale le ministre allemand des Finances Wolfgang Schauble.

« La croissance se renforce autour du monde »

D’un point de vue plus général, les ministres et participants ont relevé que la croissance de l’économie mondiale était en progrès. « La croissance se renforce autour du monde », a déclaré la directrice générale du FMI Christine Lagarde dans un communiqué.

Sur les autres sujets traditionnels du G20, lutte contre l’évasion fiscale, le blanchiment, ou encore réforme de l’architecture financière internationale, le communiqué est dans la continuité de ses précédents. De même pour les changes, un sujet pourtant potentiellement sensible compte tenu des récentes déclarations de l’administration américaine sur la devise chinoise ou européenne.

Parmi les sujets nouveaux, le G20 s’est également inquiété des conséquences potentielles de la cyber-criminalité sur les systèmes financiers internationaux, demandant au conseil de stabilité financière (FSB) de faire un état des lieux des normes et pratiques en la matière. Les ministres ont aussi donné leur aval à un plan en faveur de l’Afrique destiné à favoriser l’investissement privé sur ce continent, et ont aussi entériné l’idée de la publication en juillet d’une liste de pays non coopératifs en matière de fiscalité, liste qui devra être assortie d’un éventail de sanctions.

Face à l’impasse des ministres des Finances sur le commerce et le climat, la responsabilité de trouver une solution, ou d’entériner une rupture, risque de revenir aux chefs d’Etat et de gouvernement qui doivent se réunir en juillet à Hambourg. « La lutte contre le changement climatique nécessite la mobilisation de l’ensemble des pays du G20, y compris dans son volet financement. Je suis convaincu que les chefs d’état et de gouvernement réaffirmeront en juillet prochain l’engagement plein et entier de la communauté internationale envers l’Accord de Paris », a déclaré M. Sapin.

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