La guerre des Six Jours : une victoire militaire pour les Israéliens, et le prélude à une défaite morale ? © belgaimage

Cinquante ans de colonisation

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Il y a cinquante ans, le 10 juin, la guerre des Six Jours prenait fin avec la défaite des armées égyptienne, jordanienne et syrienne et avec l’occupation par Israël du Sinaï, de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du plateau du Golan.

 » Les prémices d’un mouvement de colonisation apparaissaient aussitôt après la guerre de 1967 « , rappelle Jean-Paul Chagnollaud dans Israël/Palestine, la défaite du vainqueur (Actes Sud, 150 p.).  » Certains (travaillistes alors au pouvoir) estiment nécessaire de conserver une partie des territoires conquis et appréhendent la création de colonies comme un moyen privilégié pour y parvenir « . De 10 000 en 1972, les colons israéliens en Cisjordanie passent à 380 000 en 2015 (hors Jérusalem-Est). Le mouvement s’accélère après l’échec, en 2000, des négociations de Camp David et de Taba, dont la responsabilité est hâtivement attribuée par les Américains et les Israéliens au chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. A partir de là, les Israéliens vont perdre foi dans le processus de paix d’Oslo et toutes les élections législatives seront remportées par la droite. La colonisation va en être encore amplifiée. Or, analyse l’auteur,  » poursuivre (l’objectif de Theodor Herzl, le fondateur du mouvement sioniste) encore aujourd’hui avec des référents messianiques et religieux ne relève plus de la quête d’un Etat, puisque désormais il existe, mais bien de la conquête d’autres territoires qui sont ceux d’un autre peuple qui a fini par accepter le partage d’un territoire qu’il estimait au départ être uniquement le sien « . Jean-Paul Chagnollaud reconnaît cependant que  » l’histoire de la relation de l’Etat hébreu avec son environnement régional est profondément marquée par la violence du rejet qu’il a dû affronter à l’époque de sa création  » en 1948, il n’hésite pas pour autant à placer les dirigeants israéliens devant leurs responsabilités face à l’histoire.

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