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Chute de Goma : un nouvel échec des casques bleus

Pourquoi la Monusco, la force onusienne la plus importante et la plus coûteuse jamais déployée, se fait humilier au Nord-Kivu ? Analyse.

Le constat est humiliant pour les casques bleus déployés dans l’est du Congo. La force onusienne la plus importante – 17 000 hommes – et la plus coûteuse – 1,35 milliard de dollars par an – jamais déployée sur la planète n’a pu empêcher la chute de Goma, capitale du Nord-Kivu.

Soutenus, selon plusieurs témoignages, par le Rwanda, les rebelles du M23, soit quelques centaines d’hommes fortement armés, ont pris le contrôle de l’aéroport et sont entrés en ville le 20 novembre, sans devoir combattre.

Roger Meece, le représentant spécial au Congo du secrétaire général de l’Onu, avait assuré que les casques bleus défendraient Goma et l’empêcherait de tomber aux mains du M23. Mais lorsque les troupes gouvernementales – quelque 7 000 hommes – ont décroché pour se diriger vers la ville de Bukavu, en passant par Sake (à l’ouest de Goma) et Minova (plus au sud), les soldats de l’Onu n’ont pas combattu au sol pour protéger Goma. En revanche, des hélicoptères de combat avaient tiré des roquettes et des missiles dans l’espoir de freiner l’avancée des mutins, jusqu’à la prise de l’aéroport.

Deux jours plus tôt, le M23 avait averti les casques bleus qu’ils devaient cesser de soutenir ainsi l’armée régulière, sous peine d’une riposte. « Si la Monusco continue à bombarder nos zones au lieu de montrer sa neutralité sur le terrain, nous allons réagir », prévenaient les rebelles, qui rappelaient que le mouvement n’avait jamais attaqué les camps onusiens de Kitale et Kiwandja, « mais que cela pourrait changer ».

L’Onu a-t-elle été intimidée par ces menaces ? Le mandat actuel de la Monusco porte prioritairement sur la protection des civils. Bruxelles et Paris souhaitent dès lors que le mandat de la mission de « stabilisation », qui n’a pas permis de repousser quelques centaines d’hommes, soit réaménagé. Pour Didier Reynders, chef de la diplomatie belge, l’Onu est confrontée à un « constat d’échec ». « Il faut renforcer le mandat et permettre une action contre les rebelles », estime le ministre des Affaires étrangères, qui rappelle la possibilité d’envoyer un supplément de 2 000 casques bleus aux 17 000 déjà déployés en RDC.

On peut toutefois se demander ce que changerait ce « renfort » à la situation. Pour Hervé Ladsous, responsable des opérations de maintien de la paix aux Nations unies, la mission onusienne « n’est pas d’entrer en conflit frontal avec tel ou tel groupe armé. »

Les 1 500 casques bleus présents à Goma, ville de près d’un million d’habitants, n’ont pu faire face à l’offensive-éclair de la rébellion, malgré un mandat considéré comme « le plus robuste » qui ait été donné par le Conseil de sécurité à une mission de paix des Nations unies. « Encore faut-il qu’il y ait un minimum de volonté de faire cesser les violences », fait-on remarquer à l’Onu.

Olivier Rogeau

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