Xi Jinping © REUTERS

Chine: face aux menaces de Trump, Xi vante l’ouverture du marché chinois

Le Vif

Menacé d’une guerre commerciale par son « ami » Donald Trump, le président Xi Jinping a promis mardi une « nouvelle phase » d’ouverture de l’économie chinoise, avec notamment une baisse « considérable » dès cette année des taxes sur les importations d’automobiles.

Lors d’un discours solennel retransmis en direct à la télévision, le président chinois n’a pas mentionné directement le risque de guerre commerciale avec Washington, mais évoqué une série de mesures qui semblent répondre point par point aux attaques du président américain.

« La Chine va entrer dans une nouvelle phase d’ouverture », a assuré le président chinois devant de hauts responsables internationaux, dont la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, au Forum de Boao pour l’Asie, une conférence surnommée le « Davos chinois ».

« La Chine ne cherche pas l’excédent commercial! Nous espérons sincèrement muscler nos importations », a assuré Xi Jinping, alors que l’énorme déficit des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine — 375 milliards de dollars en 2017 selon Washington — est l’un des principaux griefs du président américain à l’encontre de Pékin.

Au moment où Donald Trump menace d’imposer des droits de douane sur 150 milliards de dollars d’importations chinoises, M. Xi s’est engagé à réduire « considérablement » cette année ses droits de douane sur les importations d’automobiles et « d’autres produits » non identifiés.

Les voitures importées en Chine font l’objet d’une taxe prohibitive d’au moins 25%: une pomme de discorde avec Washington, Donald Trump citant volontiers cet exemple pour fustiger les politiques commerciales « protectionnistes » du régime communiste, les Etats-Unis taxant leurs importations automobiles à hauteur de 2,5%.

Aucun calendrier

Pékin s’était déjà engagé en novembre à réduire ces droits de douane « à un rythme approprié », tandis que le conseiller économique de Xi Jinping, Liu He, avait évoqué en janvier à Davos « un abaissement graduel ».

Alors que la Chine célèbre cette année le quarantième anniversaire des réformes économiques, M. Xi s’est aussi engagé à ouvrir davantage les entreprises chinoises aux investisseurs étrangers.

Il a répété ses promesses d’ouverture du gigantesque secteur financier chinois: en novembre, à l’issue d’une visite de Donald Trump dans le pays, Pékin avait annoncé qu’il allait autoriser les entreprises étrangères à contrôler des banques, firmes de courtage ou de gestion d’actifs.

« Nous devons nous assurer que les mesures pour assouplir les restrictions sur les investissements étrangers dans la banque, le courtage, l’assurance, seront matérialisées », a martelé Xi Jinping à Boao (sud).

Il a par ailleurs promis un assouplissement des restrictions à la présence de capitaux étrangers dans les entreprises chinoises actives dans les industries automobile, navale et aéronautique.

Dans ces secteurs, les constructeurs étrangers sont toujours sommés de s’associer avec des partenaires chinois au sein de coentreprises qu’ils ne peuvent contrôler.

Mais l’homme fort de Pékin, tout-puissant aux manettes de la politique économique, n’a livré aucun calendrier.

Les Etats-Unis se plaignent régulièrement d’engagements chinois qu’ils estiment non respectés. Et la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine a fait état l’an passé d’une « lassitude face aux promesses » non tenues.

‘Oubliettes de l’histoire’

Sur le dossier brûlant de la propriété intellectuelle, Xi Jinping a promis « une protection renforcée », via une réorganisation cette année de l’organisme national en charge du dossier et un durcissement des sanctions.

Dans ce domaine, les entreprises chinoises « ont encore plus de besoins que les firmes étrangères », a-t-il néanmoins cinglé.

Autre pique à l’encontre des Etats-Unis: M. Xi a appelé « les pays développés à cesser de restreindre arbitrairement le commerce de produits de haute technologie », Washington limitant l’exportation de certaines technologies jugées sensibles vers la Chine.

Défendant la mondialisation comme il l’avait fait début 2017 au Forum économique mondial de Davos (Suisse), Xi Jinping a jugé que ceux tentant de s’affranchir des réformes et de l’innovation seront « relégués aux oubliettes de l’histoire ».

Rendant hommage à son « ami » Xi Jinping, Donald Trump s’était dit certain dimanche que Pékin allait abaisser ses barrières douanières et qu’un « accord sera trouvé sur la propriété intellectuelle ».

Mais Pékin a jugé lundi que des négociations commerciales avec les Etats-Unis étaient « impossibles dans les conditions actuelles ».

Répliquant aux menaces des Etats-Unis, la Chine a publié la semaine dernière une liste de produits américains qu’elle pourrait prendre pour cible à hauteur de 50 milliards de dollars, dont le soja, au grand dam des exportateurs américains pour qui le marché chinois représente le premier débouché mondial.

Le discours de Xi Jinping a, semble-t-il, été bien accueilli par les marchés, la Bourse de Hong Kong terminant la matinée en hausse de 1,14%.

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