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Charlie Hebdo une nouvelle fois menacé de mort

Maxime Defays Journaliste

La « Une » qu’a consacré le journal satirique à l’islamologue Tariq Ramadan, accusé de violences sexuelles, a provoqué un flot d’insultes et d’appels au meurtre. Une enquête a été ouverte.

La plainte qu’a déposée Charlie Hebdo à la suite de menaces de mort a conduit à l’ouverture d’une enquête de la part du parquet de Paris, pour « apologie publique d’un acte de terrorisme ». Le journal satirique a déclenché une énorme vague d’insultes et de menaces suite à la publication de sa « Une » du 1er novembre, sur laquelle on voit apparaître l’islamologue Tariq Ramadan, dernièrement accusé d’être l’auteur de plusieurs viols, manifestement en pleine érection, avec cette phrase « Je suis le 6e pilier de l’islam ».

La rédaction de Charlie Hebdo est habituée à recevoir des insultes et des menaces depuis des années (avec les conséquences que nous connaissons), mais elle a cette fois décidé de porter plainte. Les messages envoyés à la rédaction du journal sont particulièrement violents. On pouvait notamment lire  » On va vous égorger », « Deuxième round à venir pour Charlie « , « Fiché S ou pas, je m’en fous, moi j’irai… », ou encore « Charlie Hebdo sont un tas de déchets, et s’il faut d’autres tueries pour le rappeler, je dis que ça ne nous ferait pas que du mal ».

Ces messages ont depuis été effacés mais d’autres, encore visibles sur la page Facebook de l’hebdomadaire satirique lundi, étaient sans équivoque : « Finalement, les frères Kouachi (responsables de l’attentat en janvier 2015, ndlr) ont mal fait leur boulot. C’est normal vu qu’ils font partie du Mossad (services de renseignements israéliens, ndlr) » ou encore « Vos collègues qui sont morts doivent se faire des blagues et des dessins, ça doit bien s’amuser en bas, j’espère que vous irez bientôt les rejoindre. »

https://twitter.com/cocoboer/status/925475040342274055Corinnehttps://twitter.com/cocoboer

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Des critiques plus « modérées » et argumentées pouvaient aussi être lues sur la page de Facebook de Charlie. Certaines reprochent au journal la collusion entre « viol » et « islam » à laquelle peut faire référence le dessin. « Entre condamner le viol et condamner l’islam, vous en profitez en les associant, Charlie Hebdo de merde ».

Sur son site, le journal Le Monde a contacté l’avocat de Charlie Hebdo, qui précise que même si ces menaces sont verbales, elles sont prises très au sérieux. « Ceux qui écrivent sont rarement ceux qui passent à l’acte, mais les mots précèdent toujours les actes et créent un climat », explique Richard Malka au média français.

Interrogé sur Europe 1, Riss, le directeur de l’hebdomadaire français, explique que les menaces de mort ne se sont jamais vraiment arrêtées. Il dénonce le fait que cette multiplication des appels au meurtre contribue au mauvais climat ambiant. « Ce n’est pas simplement de la contestation ou de la discussion, ce n’est même pas de l’injure, c’est au-delà : maintenant, l’appel au meurtre est banalisé. »

Bien qu’ils soient rares, des messages trouvant « la Une » « superbe et rigolote » peuvent être lus sur la page Facebook du média, au milieu de l’impressionnant flot d’insultes et d’appels au meurtre.

Le Premier ministre français, Édouard Philippe, a souhaité mardi que soient poursuivis les auteurs de menaces anonymes sur Twitter contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo. « Je souhaite, dès lors qu’une menace de cette gravité est proférée, quel que soit le média sur lequel elle est proférée, que des poursuites puissent être diligentées afin que des sanctions puissent être prononcées », a déclaré le Premier ministre devant l’Assemblée nationale.

En 2006, le journal satirique avait repris des caricatures du prophète Mahomet que le média danois Jyllands-Posten avait publiées dans une de ses éditions, en septembre 2005. La publication par Charlie avait provoqué à l’époque de vives réactions, avant que le siège du journal ne subisse un incendie criminel en 2011.

Le 7 janvier 2015, un attentat perpétré par les frères Kouachi dans les locaux du journal, avait coûté la vie à 12 personnes, dont 8 de la rédaction.

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