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Charlie Hebdo, un hebdo satirique devenu une cible depuis ses caricatures de Mahomet

Symbole d’une presse libre et frondeuse, l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, dont la rédaction a été décimée mercredi dans un attentat sanglant, avait déjà été la cible ces dernières années de menaces et d’un incendie criminel après la publication de caricatures de Mahomet.

Créé en 1970, Charlie Hebdo n’a jamais hésité à publier des dessins provocateurs, se moquant des dirigeants et des stars comme des religions. En février 2006, l’hebdomadaire, comme plusieurs journaux européens, a repris 12 caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten, au nom de la liberté de la presse.

Ces dessins ont suscité des manifestations violentes dans le monde musulman et Charlie Hebdo a été depuis l’objet de menaces récurrentes de groupes islamistes. « Il y a des menaces constantes depuis la publication des caricatures de Mahomet », a expliqué l’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, mercredi sur la radio RTL .

« Ca fait huit ans qu’on vit sous la menace, qu’il y a des protections mais il n’y a rien à faire contre des barbares qui viennent avec des kalachnikov ». « C’est un journal qui ne fait que défendre la liberté d’expression, la liberté tout court, notre liberté à tous et aujourd’hui, des journalistes, des dessinateurs, de simples dessinateurs ont payé le prix fort pour ça », a-t-il souligné. La justice française avait donné raison en 2008 au journal, poursuivi pour « injure aux musulmans », estimant que les caricatures controversées visaient « clairement une fraction », à savoir les terroristes, « et non l’ensemble de la communauté musulmane ».

En novembre 2011, malgré les menaces, Charlie Hebdo persiste et signe en publiant un numéro spécial rebaptisé « Charia hebdo » avec, en Une, la caricature d’un prophète Mahomet hilare. Il se vend à 400.000 exemplaires. Le jour de la publication, les locaux de Charlie Hebdo sont détruits par un incendie criminel. Le gouvernement parle alors d' »attentat » et pointe du doigt des « musulmans intégristes ».

Le directeur de l’hebdomadaire, Charb, menacé de mort, est alors mis sous protection policière. Il figure parmi les tués dans l’attentat mercredi. Le site internet du journal a aussi été victime de plusieurs piratages. En 2012, de nouvelles caricatures publiées par le journal avaient suscité des critiques virulentes dans de très nombreux pays musulmans.

L’ancêtre de Charlie, Hara Kiri, fondé par l’écrivain Cavanna et l’humoriste Professeur Choron, avait choqué la France de 1970 avec une Une ironique sur la mort du général de Gaulle, qui avait abouti à son interdiction. Le journal était reparu sous le nouveau titre de Charlie Hebdo, référence à Charlie Brown, le célèbre « comics » américain de Schultz. Habitué des procès, le journal, qui croule sous les procédures, doit s’arrêter de 1981 à 1992.

Aujourd’hui, l’hebdomadaire est menacé de faillite: déficitaire, il vend en moyenne environ 30.000 exemplaires, et vient de lancer un appel aux dons pour ne pas disparaître.

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