Ehud Olmert © Reuters

Ces chefs d’Etat qui sont passés par la case prison

Le Vif

Plusieurs chefs d’Etat ou de gouvernement ont été incarcérés ces dernières années, à l’instar de l’ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert, condamné à 19 mois ferme pour corruption et entraves à la justice qui purgera sa peine à partir de ce lundi.

Israël: Moshé Katzav

Condamné à sept ans de prison ferme pour viols, l’ancien président a été écroué en décembre 2011.

Il a été reconnu coupable notamment de viols à l’encontre de deux de ses collaboratrices lorsqu’il était ministre du Tourisme dans les années 1990, de harcèlements sexuels, de subornation de témoins et d’entraves à la justice.

Président de 2000 à 2007 (année où il fut contraint à la démission), il a toujours nié les faits qui lui sont reprochés.

Portugal: José Socrates

L’ancien Premier ministre socialiste (2005-2011) a passé plus de neuf mois en détention provisoire avant d’être assigné à résidence en septembre 2015, une mesure qui a été levée le 16 octobre dernier.

José Socrates avait été arrêté le 21 novembre 2014 et mis en examen trois jours plus tard pour corruption, blanchiment d’argent et fraude fiscale aggravée. Il clame toujours son innocence.

Croatie: Ivo Sanader

Premier ministre conservateur depuis 2003 jusqu’à sa démission en 2009, Ivo Sanader est condamné en novembre 2012 à dix ans de prison pour corruption et incarcéré, accusé d’avoir touché des pots-de-vin de plusieurs millions d’euros du géant énergétique hongrois MOL. En mars 2014, il est de nouveau condamné et écope de neuf ans de prison, pour le détournement de dix millions d’euros de fonds publics.

Il est remis en liberté sous caution fin novembre 2015 après l’annulation par la Cour suprême de sa condamnation à neuf ans de prison et sa décision d’ordonner un nouveau procès.

Roumanie: Adrian Nastase

L’ancien Premier ministre social-démocrate (2000-2004), condamné à quatre ans et six mois de prison ferme dans deux affaires de corruption, a été incarcéré pour la première fois en 2012, marquant un tournant dans la lutte anticorruption en Roumanie.

Condamné pour avoir détourné 1,5 million d’euros pour sa campagne électorale, il avait tenté de se suicider pour échapper à son incarcération.

Libéré de manière anticipée en mars 2013, il retourne derrière les barreaux en 2014 après avoir été condamné pour avoir reçu des pots-de-vin d’un montant total de 630.000 euros. Il est remis en liberté conditionnelle en août 2014.

Pérou: Alberto Fujimori

L’ancien président (1990-2000), âgé de 77 ans, purge actuellement une peine pour corruption et violation des droits de l’homme.

Il avait été condamné en 2009 à 25 ans de prison pour avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992 au cours desquels 25 personnes avaient été assassinées, dont un enfant, dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste du Sentier Lumineux.

Guatemala: Alfonso Portillo

L’ancien président conservateur (2000-2004) est rentré dans son pays en février 2015 après avoir passé plus d’un an dans une prison des Etats-Unis pour blanchiment d’argent.

Il avait été extradé vers les Etats-Unis en mai 2013 et condamné un an plus tard à cinq ans et 10 mois de prison pour blanchiment d’argent dans des banques américaines, mais la justice a reconnu que les années passées en prison au Guatemala – où il a été détenu à partir de 2010 – pouvaient être inclues dans la peine.

Guatemala: Otto Perez

L’ex-président conservateur, au pouvoir depuis 2012, est placé en détention provisoire depuis le 4 septembre 2015, au lendemain de sa démission. Il est accusé, comme son ancienne vice-présidente Roxana Baldetti, elle aussi incarcérée, d’avoir organisé un réseau de corruption et perçu 800.000 dollars (710.000 euros) en pots-de-vin.

Olmert, ou la disgrâce d’un ancien Premier ministre d’Israël

L’emprisonnement de l’ancien Premier ministre Ehud Olmert parachève la disgrâce de celui qui passa pour l’un des meilleurs politiciens israéliens mais dont les scandales ont précipité la chute. Autrefois crédité de ses efforts pour faire la paix avec les Palestiniens, son nom semble davantage associé à présent à la suspicion qui l’accompagne depuis des années et aux accusations de « pratiques corrompues et sales », selon les mots d’un juge.

M. Olmert a défendu une dernière fois son honneur mis en pièces dans une vidéo publiée juste avant de prendre le chemin de la prison.

Il y dément avoir touché des pots-de-vin. Il y a reconnaît des erreurs, mais aucune qui relevait selon lui des tribunaux. Il y sous-entend qu’on a oeuvré à sa déchéance pour des raisons politiques.

« Le dossier établi contre moi a grossi pour différentes raisons, pas toutes légales (…) Peut-être, avec le temps qui passe, le public sera-t-il capable d’examiner ce triste moment avec un regard critique et impartial », dit cet homme élancé dans le visage duquel le sourire malicieux a laissé la place à un air défait.

Ehud Olmert fut d’abord une figure de proue de la droite nationaliste, au sein de Likoud, avant d’évoluer, au fil des années, vers des positions plus modérées.

Lui qui avait rêvé du Grand Israël, qui soutenait les colons les plus extrémistes de Cisjordanie et de Gaza, et qui s’était opposé aux accords de paix de Camp David (1978) et d’Oslo (1993) finit par accepter la création d’un Etat palestinien.

« Le moment le plus douloureux de ma vie a été le jour où j’ai découvert que la comptabilité était plus forte que l’histoire et la géographie d’Israël. J’ai découvert que si nous nous entêtions à tout garder, en 2020, il y aurait 60% d’Arabes et 40% de juifs », a-t-il avoué.

Né à Haïfa en 1945 dans la Palestine encore sous mandat britannique, il entre au gouvernement en 1988. Cinq ans plus tard il devient maire de Jérusalem.

Il revient au gouvernement en 2003 sous Ariel Sharon. Avec Sharon, il rompt avec le Likoud en 2005 pour former le parti de centre droit Kadima. Il est reconnu comme l’un des stratèges des politiques les plus audacieuses de Sharon, comme le retrait unilatéral de la bande de Gaza en 2005.

« Nous aurions pu réussir »

En mars 2006, il accède au pouvoir à la place de Sharon, victime d’une attaque cérébrale. Time Magazine le présente comme « le douzième Israélien à servir comme Premier ministre et probablement le meilleur politicien de tous ».

Ehud Olmert conduit Kadima à la victoire aux élections de mars 2006, avec un programme prévoyant de démanteler des dizaines de colonies et de retirer l’armée israélienne de la majeure partie de la Cisjordanie.

Mais le plan est remisé après la guerre menée contre le Hezbollah au Liban. Il continue aujourd’hui à porter aux yeux des Israéliens la responsabilité des ratés de cette guerre.

Jusqu’à la guerre de Gaza, qu’il a déclenchée fin 2008 pour faire cesser les tirs de roquettes palestiniens, il mène des négociations intensives, mais infructueuses, avec l’Autorité palestinienne.

« J’aurais aimé finir ce que j’ai commencé. Je continue de croire que nous aurions pu réussir si j’étais resté Premier ministre », a-t-il dit.

Mais les scandales finissent par rattraper l’ancien avocat d’affaires régulièrement soupçonné de combines. On le sait bon vivant, grand amateur de costumes chic, de cigares, de bonne chère et de voyages en avion.

En juillet 2008, de plus en plus fragilisé par la suspicion, il renonce à se présenter aux primaires de Kadima et donc, de facto, aux fonctions de Premier ministre. C’est le début de la fin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire