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Centrafrique: un mois après le début de l’intervention, la crainte de l’enlisement

Le Vif

Un millier de personnes ont trouvé la mort dans des combats depuis le début de l’opération Sangaris en décembre. Les critiques commencent à naître face à un enlisement de l’intervention. Un mois après le début de l’opération Sangaris en Centrafrique, la majorité des soldats français sont encore dans la capitale Bangui.

L’opération Sangaris en Centrafrique a débuté il y a tout juste un mois. Les combats sont toujours violents dans la capitale Bangui et dans plusieurs provinces.

Quelle est la situation sur le terrain?

Un mois après l’arrivée des forces françaises en soutien des forces africaines sur le terrain, le bilan est d’un millier de morts. Depuis mars, un million de personnes sont déplacées, sur 4,5 millions d’habitants en République Centrafricaine, selon l’ONU. Le camp de réfugiés installé près de l’aéroport de Bangui accueille désormais près de 100 000 personnes, contre 19 000 début décembre. D’autres personnes ont fui dans la brousse ou ont trouvé refuge dans des camps de réfugiés aux frontières. De nombreux pays du continent africains rapatrient leurs ressortissants, et l’ONG Médecins sans Frontières a été contraint de faire de même face aux violences quotidiennes dans les camps de déplacés.

La capitale Bangui est loin d’être stabilisée, et connaît des périodes de fortes tensions suivies d’accalmies, explique Libération ce lundi. Les armes sont encore nombreuses à circuler, et les rancoeurs commencent à se faire sentir. « Dans ce tout petit Bangui, avec ces tout petits mercenaires étrangers, Sangaris ne peut pas régler le problème en deux jours avec leurs chars ? (…) Donnez nous des armes, on va s’en occuper, nous! », s’indigne Yaketé Souvenance, un déplacé dans un camp où ne vivent que des chrétiens. Dans les quartiers musulmans l’on estime que les Français soutiennent les anti-balakas.
En dehors de la capitale, la situation est critique dans la région de Bossangoa, où de nombreux conflits naissent chaque jour.

Où en est l’opération?

Les soldats français sont 2000 sur le terrain, et non 1600 comme annoncé. Seul un contingent d’une centaine de militaires a été envoyé à Bossangoa, les autres restent à Bangui tant que la capitale n’est pas sécurisée. La mission initiale de désarmement s’est rapidement transformée en mission d’interposition et de sécurisation. Les soldats effectuent des patrouilles quotidiennes, escortent des convois et interviennent en cas de conflits, explique La Croix ce lundi. Mais les procédures imposées par le haut commandement les empêchent de visiter les maisons suspectes et de saisir les armes des miliciens regroupés dans les cantonnements.

Face à la critique d’enlisement de l’opération Sangaris -41% des Français sont favorables à l’intervention-, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a défendu l’action française jeudi en s’appuyant sur l’opération Serval au Mali.

Que se passera-t-il dans les mois à venir?

L’Union Européenne doit se prononcer le 20 janvier sur son soutien militaire à l’opération Sangaris. Jusqu’à présent, Bruxelles est le principal bailleur humanitaire en République Centrafricaine. Pour 2013, l’aide s’est élevée à 39 millions d’euros, contre huit millions en 2012, précise La Croix. Mais les réticences des Etats membres sont nombreuses, et comme pour le Mali, l’UE pourrait se contenter de formations aux forces de sécurité en Centrafrique.
De son côté, l’ONU compte intensifier les préparatifs sur un éventuel déploiement d’une force de maintien de la paix. De source proche du président François Hollande, on rappelait en fin d’année que le secrétaire général de l’ONU doit rédiger « au plus tard » dans les trois mois un rapport sur la transformation éventuelle de la Misca en une opération de maintien de la paix des Nations Unies.
En Centrafrique, malgré la situation encore volatile, la France espère la tenue d’une élection présidentielle en 2014.

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