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Centrafrique : un coup d’Etat « dans l’esprit de Libreville »

Le Vif

Le chef de la coalition rebelle Séléka Michel Djotodia, qui s’est autoproclamé président de la Centrafrique après avoir renversé le président François Bozizé, a assuré dimanche à Radio France Internationale (RFI) qu’il respecterait les accords de paix de Libreville signés en janvier.

« Nous resterons toujours dans l’esprit de Libreville », a-t-il promis, confiant qu’il gardera à son poste l’actuel Premier ministre du gouvernement d’union nationale Nicolas Tiangaye, figure de l’opposition à Bozizé, et qu’il organisera des élections « libres et transparentes d’ici trois ans ». Le président François Bozizé a fui le pays et M. Djotodia, en tant que chef des forces du Séléka qui l’ont renversé et qui contrôle le pays, se pose comme son successeur.

L’accord de Libreville signé le 11 janvier par le clan Bozizé, l’opposition et la rébellion, prévoyait notamment la formation d’un gouvernement d’union nationale dirigé par l’opposition (finalement M. Tiangaye) et l’engagement à organiser des élections libres et transparentes dans les trois ans.

D’après les accords de Libreville, ce gouvernement ne pouvait pas être révoqué par le président Bozizé et l’Assemblée nationale, issue des élections remportées par Bozizé et composée d’une immense majorité de ses partisans, n’avait pas la possibilité de retoucher les lois proposées par le gouvernement.

Michel Djotodia n’a pas non plus écarté l’idée de conserver les ministres du clan Bozizé dans ce gouvernement: « S’ils (les ministres pro-Bozizé) sont là encore (à Bangui) nous allons essayer de les appeler parce que nos portes sont ouvertes pour tout le monde ».

L’ONU condamne le coup d’Etat Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a condamné dimanche la prise de pouvoir par les rebelles du Séléka à Bangui et s’est déclaré inquiet des violations de droits de l’homme, selon son porte-parole Martin Nesirky.

M. Ban « condamne la prise de pouvoir anticonstitutionnelle intervenue en République centrafricaine et appelle au rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel », indique le communiqué de l’ONU. Il « réitère que les accords de Libreville (..) restent le cadre le plus viable pour assurer une paix durable et la stabilité dans le pays ».

Le secrétaire général est « profondément préoccupé par les rapports faisant état de sérieuses violations des droits de l’homme et rappelle à tous ceux qui sont responsables de telles violations qu’ils devront répondre de leurs actes ».

M. Ban « appelle au calme et au respect de l’état de droit » et se dit « préoccupé par la situation humanitaire désastreuse » du pays et par les informations sur des pillages à Bangui, « y compris contre les biens des Nations unies ». Les Nations unies « rappellent aux autorités leurs obligations d’assurer la sécurité de tout le personnel des Nations Unies et de ses locaux ».

Les Nations unies « continueront à travailler étroitement » avec la CEEAC et l’Union africaine « pour aider à résoudre la crise » en République centrafricaine, conclut le texte.

Les rebelles centrafricains de la coalition Séléka ont pris Bangui dimanche matin, après une offensive éclair mettant en fuite le président François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans et qui était introuvable dans la soirée.

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