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« Ceci n’est pas l’Europe »

Dans une tribune publiée dans plusieurs quotidiens européens lundi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, appelle au « courage collectif » des Etats membres de l’UE pour répondre à l’urgence de la pression migratoire sur l’Europe.

« Lorsque nous parlons de migrations, nous parlons d’êtres humains. Des gens comme vous et moi, sauf qu’ils n’ont pas eu la chance de naître dans une des régions les plus riches et les plus stables du monde. Nous parlons de personnes qui fuient la guerre en Syrie, la terreur de Daech en Libye ou la dictature en Érythrée », insiste le président de la Commission européenne. « Nous ne refoulerons jamais ceux qui ont besoin de protection. Ces principes sont écrits dans nos lois et nos traités, mais j’ai bien peur qu’ils soient de plus en plus absents de nos coeurs », déplore le Luxembourgeois, qui dénonce « le ressentiment, le rejet, la peur que l’on renvoie à ces personnes. Mettre le feu à des camps de réfugiés, repousser des bateaux hors des ports, violenter les demandeurs d’asile ou fermer les yeux sur la misère et la pauvreté: ce n’est pas l’Europe ». M. Juncker pointe encore les sirènes du populisme, « les discours de haine et les déclarations irréfléchies menacent l’une de plus grandes réalisation, l’espace Schengen. » Soulignant qu’il n’y a pas de réponse unique ou simple à la question migratoire, M. Juncker estime aussi qu’il n’existe pas de solutions nationales. « Aucun Etat Membre ne peut efficacement faire face à la migration seul. Nous avons besoin d’une approche européenne forte. Et nous en avons besoin maintenant. »

Rappelant l’aide offerte par la Commission européenne aux pays les plus exposés, et les mesures proposées pour une politique commune d’asile et d’immigration, le président de l’institution exhorte dès lors les Etats Membres – « même ceux qui ont été réticents à ce jour » – de mettre en oeuvre ces dispositions, notamment en matière de relocalisation de migrants depuis l’Italie ou la Grèce. « Nous devons faire preuve de solidarité dans notre politique migratoire. » La Commission européenne proposera prochainement un mécanisme permanent de relocalisation, rappelle M. Juncker, qui annonce aussi pour septembre une liste commune de pays d’origine sûrs afin d’accélérer les procédures d’asile. La question sera à l’agenda d’une rencontre entre le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ce lundi à Paris. « Ce dont nous avons besoin c’est de courage collectif pour respecter nos engagements – même s’ils ne sont pas évidents ou populaires », note encore M. Juncker regrettant que certains préfèrent « pointer du doigt – un jeu de blâme qui peut faire gagner en publicité et même en votes, mais qui ne résout en fin de compte aucun problème. » Le président de la Commission ne prévoit pas pour l’instant de convoquer un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, jugeant en l’état que ce serait inutile.

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