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Ce que l’on sait sur les deux Françaises tuées en Argentine

Deux touristes françaises ont été tuées par balle dans le nord-ouest de l’Argentine. Un nouveau suspect a été arrêté ce mardi. Le point sur l’enquête et l’émotion suscitée en France par ce double meurtre.

Qui sont les deux victimes?

Les deux Françaises tuées par balle en Argentine s’appelaient Cassandre et Houria. Respectivement 29 et 24 ans, elles étaient étudiantes à l’Institut des hautes études d’Amérique latine (IHEAL) de la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Selon la présidente de l’établissement, il s’agissait de deux élèves « brillantes » qui « consacraient leurs talents et leur énergie à étudier l’Amérique latine ». Leurs proches, interrogés par Le Figaro, décrivent deux jeunes femmes « aussi prudentes l’une que l’autre ».

Les familles des victimes ont demandé que « leur douleur soit respectée » et « leur intimité respectée ». Elles se rendent sur place ce mardi.

Tuées par balle


Les faits avérés sont maigres pour le moment. La succession des événements précédant le drame commence à se dessiner. Les deux Françaises étaient arrivées à Salta, capitale de la province, en autocar le 11 juillet, venant de Buenos Aires. Elles devaient en repartir le 19 juillet. Elles sont entrées sur le site de randonnée de San Lorenzo le 15 juillet, selon leur ticket acheté à 16h23.

C’est dans ce site que leurs corps ont été retrouvés le long d’un des sentiers. Deux touristes ont donné l’alerte en découvrant l’un des corps, vendredi 29 juillet dans la soirée. Le second a été trouvé un peu plus tard par les enquêteurs.

Selon le juge Martin Perez cité dans la presse, l’une des victimes a été tuée d’une balle dans le front. Elle présentait des traces de violences sexuelles. Elle aurait résisté à son agresseur et lui aurait arraché des cheveux retrouvés dans son poing fermé. L’autre victime, retrouvée à quelques mètres de là, a été tuée d’une balle dans le dos. Elle a été retrouvée le pantalon sur les chevilles, mais ne semble pas avoir été violée.

L’arme du crime serait de calibre 22, calibre du projectile qui a été extrait du corps d’une des victimes.

Où en est l’enquête?

L’emploi du temps exact des deux jeunes femmes reste mystérieux. Pourquoi les corps ont-ils été retrouvés sur un site qu’elles ont visité le 15 juillet… alors que les responsables de leur hôtel de Salta disent les avoir vues le 16 juillet? Se sont-ils trompés de date? Sont-elles revenues le lendemain?

Le ou les meurtriers ont-ils ramené leurs dépouilles sur le site visité la veille, comme l’indique leur ticket, afin de brouiller les pistes? Ce qui leur aurait causé d’importantes difficultés: on ne peut atteindre l’endroit où les corps ont été trouvés qu’à pied et après deux heures de marche. La police locale a d’ailleurs posté la vidéo ci-dessous, où l’on voit à quoi ressemble la zone des recherches.

Les premiers éléments de l’enquête indiquaient que leur décès serait intervenu entre le mardi 26 et le jeudi 28 juillet selon le médecin légiste, ce qui pourrait indiquer qu’elles ont été séquestrées pendant plusieurs jours. Mais là encore, le doute s’installe: les températures, très basses dans la région, auraient pu retarder la décomposition des corps, leur décès aurait donc pu intervenir plus tôt.

Un ou plusieurs meurtriers?


Quant à l’identité du ou des meurtriers, le juge Martin Perez ne néglige pas la piste locale, écartée par une partie de la population de cette zone réputée tranquille. Il estime que le ou les auteurs du double crime pourraient se trouver parmi la population clairsemée, des bergers qui élèvent leurs animaux dans des conditions précaires, ou bien parmi les employés du site de randonnée, exploité par une entreprise privée. Ou un chasseur, même si le calibre 22 correspond moins à un fusil de chasse qu’à une arme de courte portée.

Pour compléter l’enquête, la police recherche désormais cinq témoins clés qui sont entrés sur le site touristique quelques minutes après les deux femmes, le 15 juillet. Deux arrestations auraient eu lieu dimanche, selon un quotidien local, mais les autorités démentent cette information.

La police locale a confirmé une autre arrestation ce lundi, d’un homme majeur de Salta. Ce loueur de chevaux âgé de 43 ans a finalement été libéré, « faute de preuves ». Ce mardi, une autre arrestation a eu lieu, selon la police fédérale. Ce suspect « aurait un lien avec l’arme du crime », soit par son achat ou sa revente, selon le juge Martin Perez.

Emotion en France

Depuis l’annonce de la mort des deux Françaises, les hommages se multiplient, notamment sur la page Facebook de l’IHEAL ou sur le site Internet de l’établissement. Le rassemblement qui était prévu ce lundi à 19 heures devant l’institut pour une « veillée en mémoire des victimes » a néanmoins été annulé, rapporte Le Parisien.

La direction de l’établissement a également tenu « à manifester son émotion devant ce drame épouvantable, et à exprimer toute sa sympathie à leurs familles et à leurs proches ». Une nouvelle cérémonie devrait être organisée à l’institut « au mois de septembre », a précisé la directrice.

Le quai d’Orsay a affirmé que « les services consulaires français en Argentine, en liaison étroite avec les autorités locales, sont pleinement mobilisés pour déterminer les circonstances de ce drame ». « Le centre de crise du ministère des Affaires étrangères et européennes est en contact avec les familles de nos compatriotes pour leur apporter toute l’aide et tout le soutien nécessaires dans ces circonstances particulièrement douloureuses », assure encore le ministère.

Une région relativement calme

La zone touristique où les deux Françaises ont été tuées n’a pas mauvaise réputation. Mais, il y a quinze jours, un quotidien local s’inquiétait d’une vague de violence.


Par Julie Saulnier et Marie Simon, L’Express.fr

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