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Ce qu’il faut savoir sur le nouveau président allemand

Soutenu par les deux grands partis du pays, Joachim Gauck a été élu sans surprise à la présidence allemande contre Beate Klarsfeld. Il succès à Christian Wulff, soupçonné de prises illégales d’intérêts.

Avec 991 voix contre 126 pour la candidate de Die Linke, le parti de gauche, Beate Klarsfeld, Joachim Gauck est devenu le onzième président de la République allemande. Le Congrès avait été convoqué pour des élections anticipées après la démission de Christian Wulff (CDU) il y a de cela un mois. Soupçonné de prises illégales d’intérêts et critiqué pour avoir profité de sa proximité avec de riches entrepreneurs, Christian Wulff avait dû quitter son poste deux ans seulement après son élection. En 2010, il avait été porté par la coalition de centre-droit d’Angela Merkel, face au candidat de la gauche, un certain Joachim Gauck.

– Le président allemand a un rôle beaucoup plus protocolaire que son homologue français. Sa position est plus souvent comparée à cette de la reine d’Angleterre. Par ses discours et ses interventions, il incarne l’image de l’Allemagne en interne et à l’étranger. Censé être placé au-dessus des partis, il incarne une autorité morale pour le pays. Joachim Gauck, sans étiquette politique, aura désormais l’objectif de rétablir cette crédibilité morale, mise à mal par les affaires autour de Christian Wulff.

– Joachim Gauck, aujourd’hui âgé de 72 ans, s’est fait connaître en devenant après la chute du Mur et pendant dix ans directeur de l’institution chargée d’analyser et d’évaluer les documents de la Stasi (police politique est-allemande). Il avait auparavant été pasteur en Allemagne de l’Est et avait fait partie des mouvements citoyens opposés au régime. Il a fait de la « liberté » son sujet de prédilection et cheval de bataille. Dans son discours d’intronisation, il a également insisté sur l’intégration des minorités dans la société allemande.

– La nomination de Joachim Gauck a été un camouflet pour Angela Merkel. Après l’élimination de son poulain, Christian Wulff, elle a dû rapidement s’orienter vers celui qui avait été le candidat de la gauche deux ans plus tôt, afin de trouver un candidat consensuel. Si elle dit se réjouir de l’élection de ce « professeur en démocratie », ce n’en est pas moins un pas en arrière tactique, avec l’objectif d’éviter un nouveau conflit politique alors que sa position en interne reste fragile.

– Beate Klarsfeld, femme de Serge et mère d’Arno, a obtenu 126 voix lors de cette élection. Franco-allemande, elle était la candidate de Die Linke. Un choix paradoxal puisqu’elle a annoncé elle-même à Berlin soutenir en France le candidat Nicolas Sarkozy. Elle est connue en Allemagne comme « chasseuse de nazis ». Engagée dans cette élection sans aucune chance de succès, elle a voulu y voir une « reconnaissance » pour son travail. Elle avait en 1968 mis une gifle lors d’un congrès politique au chancelier de l’époque, Kurt Georg Kiesinger, ce qui lui avait valu une peine de prison.

Par notre correspondant Sébastien Vannier, L’Express.fr

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