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Cadavre d’un espion britannique dans un sac: « sans doute un accident »

Le Vif

Un espion britannique dont le corps décomposé a été découvert à Londres en 2010 dans un sac cadenassé a été victime d’un « accident », a affirmé mercredi Scotland Yard, contredisant les conclusions d’une précédente enquête sans cependant apporter de preuve décisive.

Le corps de Gareth Williams, un agent de 31 ans employé par l’agence de surveillance britannique (GCHQ) mais détaché au moment des faits aux services de renseignements extérieurs britanniques (MI6), avait été trouvé enfermé dans un sac de sport posé dans sa baignoire, en août 2010.

« Mon opinion personnelle, à l’issue de l’enquête, est que ce qui s’est passé était un accident », a déclaré Martin Hewitt, un haut responsable de la police britannique, à l’issue d’une nouvelle enquête sur ce décès mystérieux. « Je crois que nous avons affaire à une mort tragique inexpliquée. Je suis convaincu que la mort de Gareth n’est en aucune manière liée à son travail », a-t-il ajouté. Ces conclusions contredisent celles de l’enquête publique qui avait été menée au printemps 2012.

En mai 2012, Fiona Wilcox, le coroner (nom du fonctionnaire chargé de l’enquête publique), avait déclaré, « après avoir évalué toutes les probabilités », être « convaincue que Gareth a été tué ». D’après elle, une « tierce personne » a très vraisemblablement transporté le sac de sport contenant Gareth jusqu’à la salle de bain de son appartement. Martin Hewitt a refusé mercredi de spéculer sur le fait que la mort de l’agent ait pu être liée à ses intérêts supposés pour le bondage et le sadomasochisme. La police avait en effet trouvé dans l’appartement londonien de Gareth Williams des habits et chaussures de femmes, ainsi que des perruques. Sur son ordinateur personnel, des sites de claustrophilie (attirance pour l’enfermement) et de sadomasochisme avaient été consultés.
« Il est maintenant prouvé qu’il est théoriquement possible pour une personne de s’enfermer elle-même dans ce sac, avec le même type de cadenas et dans la configuration dans laquelle Gareth a été découvert », a déclaré mercredi le responsable de Scotland Yard. Pour soutenir sa thèse d’une mort accidentelle, il a affirmé qu' »il n’y avait pas de preuve formelle de la présence d’une tierce personne au moment de la mort » de l’agent. Il a cependant reconnu que plusieurs éléments demeuraient « étranges », notamment le fait qu’aucune trace ADN sur le cadenas et aucune empreinte sur la baignoire n’aient été retrouvées. Il a également précisé que des traces d’ADN retrouvées dans l’appartement n’avaient toujours pas pu être identifiées.

« La plupart des questions clés sur la mort de Gareth restent sans réponse », a-t-il admis, ajoutant qu’il « était improbable que sa mort soit un jour élucidée de façon satisfaisante ». Le MI6 avait mis une semaine avant de signaler l’absence de l’espion. L’examen du corps avait été réalisé neuf jours après le décès et les résultats des tests toxicologiques n’étaient pas fiables, en raison de son état de décomposition, avaient jugé les experts pendant l’enquête publique. Sa famille continue de croire à la thèse du meurtre. « Nous considérons que sur la base des faits connus, les conclusions du coroner reflètent correctement les circonstances de la mort de Gareth », a-t-elle déclaré dans un communiqué mercredi.

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