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Burundi: Reynders évoque la participation belge à une force d’interposition

Le Vif

La Belgique pourrait participer à une force d’interposition au Burundi si une telle initiative voyait le jour, a indiqué mercredi le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, dans un entretien accordé à la chaîne France 24.

Le chef de la diplomatie n’a toutefois pas voulu s’étendre sur la forme d’une éventuelle participation qui n’implique pas nécessairement la présence de troupes au sol.

M. Reynders a appelé une nouvelle fois à la reprise du dialogue incluant l’opposition dans ce pays d’Afrique centrale en proie aux violences depuis avril 2015, à la suite de la candidature à un troisième mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza et sa réelection en juillet. « Nous sommes tout à fait prêts à aider à ce dialogue », a souligné le ministre belge.

M. Reynders constate toutefois que le président burundais se « referme complètement ». Il estime dès lors qu’une concertation devrait s’ouvrir avec l’Union Africaine (UA) ou les Nations Unies pour discuter de l’envoi d’une force de maintien de la paix au Burundi. « Je voudrais être très clair, car souvent les autorités burundaises réagissent à ce que nous disons en Europe. Il ne s’agit pas de pointer du doigt exclusivement les violences du pouvoir. Il y a aussi les violences de membres de l’opposition, de rebelles armés. On doit appeler tout le monde à ne pas faire usage de la violence et revenir autour d’une table de négociation. Si ce n’est pas possible, on devra redemander à l’Union africaine, aux Nations Unies d’imaginer une force d’intervention », a expliqué M. Reynders.

« La Belgique ne peut évidemment pas le faire seule. Nous n’avons ni cette intention, ni cette capacité d’agir seul dans un pays comme le Burundi mais on souhaite vraiment que la population soit protégée », a-t-il ajouté. La Belgique ne contribuerait « pas nécessairement » à une telle force par des « militaires opérationnels ». Le soutien pourrait être de nature logistique.

Au mois de décembre, l’UA s’était accordée sur le principe d’une force de maintien de la paix au Burundi. Le week-end dernier, elle a toutefois décidé de surseoir à l’envoi d’une telle force et de privilégier la discussion avec le pouvoir en place. Une délégation de haut niveau comprenant au moins trois chefs d’Etat africains, dont le nouveau président en exercice de l’Union, le Tchadien Idriss Deby Itno, se rendra d’ici à la fin de cette semaine à Bujumbura, a rapporté mardi la radio internationale allemande Deutsche Welle.

De 1916 à 1962, le Burundi a été administré sous mandat belge. Selon des recommandations votées par le Sénat en 1997, à la suite de l’assassinat de dix para-commandos au Rwanda, « il serait souhaitable que la Belgique ne fournisse plus de contingent aux opérations de l’ONU menées dans des pays avec lesquels elle a entretenu jadis des relations coloniales ». La révision de ces recommandations a régulièrement été réclamée depuis lors, principalement dans le chef des partis francophones.

M. Reynders a déjà plaidé dans ce sens. « J’ai souvent évoqué le fait que nous devrions revoir cette idée que l’on n’interviendrait plus dans les anciennes colonies ou les pays sous mandat. C’est une erreur. Politiquement, nous le faisons très fortement. Si nous devions aider au dialogue, nous le ferions. S’il fallait aider à la mise en place d’une force d’interposition, nous ne ferions également », a-t-il dit. Des militaires belges sont déjà présents en Afrique, essentiellement au Mali.

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