Pierre Nkurunziza © Reuters

Burundi: le principal opposant veut de nouvelles élections

Le principal opposant burundais, Agathon Rwasa, a affirmé samedi ne pas reconnaître le résultat de la présidentielle qui a reconduit au pouvoir Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat controversé, et appelé à de nouvelles élections.

Entre-temps, l’opposant, arrivé deuxième du scrutin de mardi, n’exclut pas l’idée d’un gouvernement d’union nationale, à condition que ce gouvernement ait justement pour « mission principale de préparer des élections libres et démocratiques ».

« Le résultat de cette présidentielle, c’est fantaisiste », a-t-il dit. « La crise est profonde », a-t-il ajouté.

L’annonce, fin avril, de la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat a plongé le petit pays d’Afrique des Grands Lacs dans la pire crise qu’il ait connue depuis la fin de sa sanglante guerre civile (quelque 300.000 morts entre 1993 et 2006).

Un mouvement de contestation populaire a été violemment réprimé par la police, parfois à balles réelles, et un coup d’Etat a été maté mi-mai. Au total, les violences ont fait plus de 80 morts et quelque 160.000 Burundais ont fui dans les pays voisins.

Le camp présidentiel a au final remporté haut la main non seulement l’élection de mardi – Pierre Nkurunziza a obtenu plus de 69% des voix – mais aussi les législatives et communales.

Irrégularités

La présidentielle de mardi au Burundi, remportée par le chef de l’Etat sortant Pierre Nkurunziza, n’était pas conforme aux normes d’élections libres, transparentes et crédibles, a de son côté déclaré vendredi la mission d’observation de la Communauté est-africaine (EAC). Les pays de la EAC ont eux-mêmes suggéré la formation d’un gouvernement d’union nationale pour sortir le pays de la crise.

« Le processus électoral n’a pas répondu aux principes et aux normes d’élections libres, équitables, pacifiques, transparentes et crédibles » définis au niveau international et continental, explique la mission d’observation dans un communiqué publié sur le site internet de l’organisation est-africaine, qui réunit Burundi, Kenya, Rwanda, Ouganda et Tanzanie.

Selon les observateurs est-africains, « la période électorale a été caractérisée par l’angoisse et l’incertitude ».

La communauté internationale – ONU, Union africaine, Union européenne, Etats-Unis, notamment – estime que le climat politique et sécuritaire, les intimidations et les restrictions des libertés, ne permettaient pas des élections crédibles.

Malgré « une paix relative le jour du scrutin », le « principe du choix a été gêné par, entre autres, l’insécurité (…) les limitations de l’espace démocratique et des libertés civiles – dont les libertés d’expression, de réunion, des médias, de faire campagne – et par le boycott de la part des partis d’opposition », a souligné la mission d’observation.

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