Pierre Nkurunziza © Reuters

Burundi: la réforme constitutionnelle renforçant le pouvoir de Nkurunziza adoptée

Les Burundais ont largement approuvé par référendum une réforme de la Constitution qui peut permettre au président Pierre Nkurunziza de rester en poste jusqu’en 2034, selon les résultats provisoires annoncés lundi par la Commission électorale (Ceni).

Le oui en faveur de cette révision constitutionnelle a obtenu 73,2% des voix, contre 19,3% au non, 3,3% à l’abstention et 4,1% pour les bulletins nuls, a indiqué le président de la Ceni, Pierre-Claver Ndayicariye. La participation est de 96,4%. Ces chiffres n’incluent pas la diaspora mais celle-ci ne représente que 0,27% des votants, ce qui « n’est en aucune façon de nature à influencer les résultats du référendum constitutionnel », a précisé M. Ndayicariye.

Les résultats définitifs doivent être validés dans un délai de neuf jours par la Cour constitutionnelle. La coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (Espoir des Burundais), menée par le principal opposant à l’intérieur du pays, Agathon Rwasa, avait par avance annoncé qu’elle ne reconnaissait pas les résultats du référendum. La nouvelle Constitution permettra à M. Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020.

Le nouveau texte donne les mains libres au chef de l’État, qui concentrera désormais seul tous les leviers du pouvoir exécutif. Il acte aussi la mainmise totale de son parti, le CNDD-FDD, sur les institutions et la dérive autocratique du pouvoir depuis 2015. Depuis sa candidature à un troisième mandat en avril 2015, contestée par l’opposition, la société civile et une partie de son camp, M. Nkurunziza a mené une répression brutale, qui a fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés.

Washington dénonce « un climat de peur et d’intimidation » au Burundi

Les Etats-Unis ont dénoncé lundi le « climat de peur et d’intimidation » au Burundi, déplorant l' »absence de transparence » lors du référendum sur la réforme constitutionnelle et mettant en doute ses résultats.

« Le référendum du 17 mai au Burundi a été marqué par une absence de transparence, la suspension de médias et des tentatives de pression sur les électeurs », a déploré le département d’Etat américain dans un communiqué. « De nombreux cas de harcèlement et de répression des opposants au référendum durant les mois qui ont précédé le vote ont contribué à un climat de peur et d’intimidation », tandis que « l’absence d’observateurs sape également la confiance dans les résultats annoncés », a-t-il ajouté. Selon les résultats provisoires publiés lundi, les Burundais ont largement approuvé une réforme de la Constitution qui pourrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester en poste jusqu’en 2034. Ces résultats avaient été par avance dénoncés par l’opposition, qui estime que le référendum s’est tenu dans un climat de peur et a été marqué par des fraudes.

Si Pierre Nkurunziza, 54 ans, semble continuer à jouir d’un certain crédit auprès des populations rurales, le régime a aussi réprimé sans pitié depuis trois ans toutes les voix dissidentes. Pour ses critiques, ce référendum casse l’équilibre politico-ethnique garanti par l’accord de paix d’Arusha, signé en 2000, qui instaurait un système de partage du pouvoir entre Hutu et Tutsi pour mettre fin à la guerre civile qui a fait plus de 300.000 morts entre 1993 et 2006. Washington a appelé Bujumbura à respecter l’accord d’Arusha et à respecter les libertés d’expression, d’assemblée et d’association, condamnant également la suspension récente des radios Voice of America et BBC.

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