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Burundi : des preuves de l’existence de fosses communes

Des fosses communes auraient été creusées au Burundi le 11 décembre dernier, rapporte Amnesty International jeudi. L’ONG, qui se base sur des images satellites, des captures vidéo et des témoignages, affirme que les autorités burundaises ont enterré des dizaines de personnes dans des fosses communes pour empêcher leur identification et cacher délibérément l’ampleur de la répression.

Des dizaines de personnes ont été exécutées le 11 décembre 2015 après trois attaques fomentées contre des camps militaires, dont un de Bujumbura. La police a alors mené différentes opérations dans les milieux de l’opposition, forçant les personnes à sortir de leur domicile et en tuant certaines à bout portant. De nombreux corps auraient ensuite été abandonnés en rue. Des enquêteurs d’Amnesty, qui se trouvaient à Bujumbura ce 11 décembre – le jour le plus sanglant depuis le début de la répression en avril 2015 -, ont été informés que le lendemain, la police avait récupéré les corps à l’aide de pick-ups. Dans le quartier de Nyakabiga, où au moins 21 personnes auraient été tuées, les corps auraient été récupérés le 12 vers 10 heures du matin pour être emmenés dans le quartier de Musaga où 12 autres personnes avaient perdu la vie. Les riverains auraient alors été confinés dans leur habitation et tous les corps auraient été enlevés le matin du 13 décembre. L’existence de fosses communes a été évoquée dès le 12 décembre, mais Amnesty International ne détenait pas à l’époque les preuves pouvant en attester. cependant, malgré le nombre important de disparitions (l’armée évoquait 87 morts, l’ONU plus de 200), très peu de corps se trouvaient dans les morgues.

Désormais, l’ONG dispose d’images satellites et de captures vidéo, ainsi que de témoignages, prouvant que des fosses communes ont été creusées le 11 décembre dans l’après-midi, à Buringa, 12 km au nord de Bujumbura. Les analyses de ces images permettent d’y distinguer cinq fosses. Buringa ne serait cependant pas le seul endroit où les corps des victimes du 11 décembre ont été enterrées. Amnesty dit avoir reçu des témoignages jugés crédibles sur l’existence de fosses en d’autres lieux, notamment aux cimetières de Mpanda et de Kanyosha. Des journalistes de France 24, présents à Kanyosha à la fin de l’année, ont rapporté des images démontrant que la terre avait été fraîchement retournée en plusieurs endroits. Ils ont également obtenu le témoignage d’un homme qui assure avoir aidé au transport de corps.

Selon des sources locales, 25 corps ont été ensevelis dans les cinq fosses de Mpanda et 28 autres dans quatre fosses de Kanyosha. Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme a quant à lui eu écho de 9 fosses communes dans Bujumbura et ses environs, y compris dans un camp militaire, contenant plus de 100 victimes du 11 décembre.

L’enquête, ouverte à la mi-décembre par le procureur général Valentin Bagorikunda, n’a pas encore donné de résultats. Amnesty appelle aujourd’hui les autorités burundaises à s’assurer que tous les endroits où la présence de fosses communes est suspectée soient laissés intacts et à permettre aux enquêteurs étrangers et indépendants un accès total aux sites, ainsi qu’à faciliter leur arrivée au Burundi, notamment en délivrant des visas.

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