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Bruxelles : quelque 15.000 personnes manifestent contre l’austérité

Le Vif

Plus de 15.000 personnes, selon les syndicats, étaient réunies jeudi après-midi dans le parc du Cinquantenaire, à Bruxelles, pour participer à une action de protestation contre la politique d’austérité européenne. La police a pour sa part estimé que 10.000 personnes avaient pris part à la manifestation, a indiqué Christian De Coninck, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ixelles.

Organisé par la Confédération européenne des syndicats (CES), ce rassemblement se tenait en marge du sommet européen. Les membres des différents syndicats belges et européens se sont réunis vers 12h00 au croisement du boulevard de la Woluwe et de l’avenue de Tervueren, avant de rejoindre le parc du Cinquantenaire, où des représentants des syndicats ont pris la parole. D’importantes délégations de travailleurs d’ArcelorMittal, de Caterpillar et de Ford Genk étaient présentes.

« Dans une véritable Europe sociale, il n’y a pas de place pour une politique d’austérité aveugle. Il n’y a pas de place pour la pauvreté. Il n’y a pas de place pour un taux de chômage aussi élevé. Nous voulons plus d’investissements dans les dépenses sociales. Plus d’investissements dans les emplois verts. Nous voulons une économie durable. Nous voulons des emplois pour les jeunes et pour les travailleurs expérimentés », a notamment déclaré Jan Vercamst, le président de la CGSLB.

Le secrétaire général de la CSC, Claude Rolin, a pour sa part rappelé que plus de 26 millions de personnes sont au chômage en Europe. « Les politiques d’austérité sont une absurdité, ce sont des politiques contre-productives », a-t-il déclaré. La secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol, a également affirmé que les politiques européennes actuelles mènent à la récession et qu’un changement de cap est indispensable.

Une opinion également partagée par la secrétaire générale de la FGTB, Anne Demelenne: « Hier, certains sont sortis d’un conclave en disant: habemus papam! Les travailleurs, en Belgique, disent: habemus austeritate. Il faut arrêter de s’attaquer aux chômeurs, de massacrer les services publics, de geler nos salaires, de menacer notre protection contre le licenciement, arrêter de menacer notre index! Changer de cap, c’est arrêter d’être les meilleurs élèves de la classe européenne, donner plus de temps à l’assainissement des finances publiques et laisser des moyens à l’Etat pour relancer l’économie pour créer de l’emploi de qualité ».

En fin de journée, la circulation dans l’est de Bruxelles était perturbée en raison de la fermeture du tunnel Reyers, qui se prolongera jusqu’à vendredi 18h00, en raison du sommet européen. Le rond-point Schuman, la rue Froissart (entre Schuman et la rue Juste Lipse) et la rue de la Loi (entre Schuman et le boulevard Charlemagne) sont également fermés jusqu’à la fin du sommet européen.

Herman Van Rompuy appelle les Européens à la patience

A l’heure où plusieurs milliers de travailleurs s’apprêtaient à défiler dans les rues de Bruxelles pour dénoncer les politiques d’austérité menées en Europe, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a défendu la stratégie européenne de sortie de crise, estimant que celle-ci commençait à porter ses effets, « même si l’économie réagit toujours avec un certain délai ».

Intervenant à l’issue du traditionnel sommet social de printemps réunissant les dirigeants de l’Union européenne et les partenaires sociaux européens, Herman Van Rompuy a rappelé l’objectif poursuivi: restaurer la confiance dans l’économie, rétablir des finances publiques saines par l’adoption de réformes structurelles, relancer l’activité et soutenir la compétitivité européenne.

« Mais il est vrai qu’on ne peut pas ne pas regarder la détresse sociale », a reconnu le président du Conseil alors que la précarité progresse en Europe, continent où l’on dénombre à présent 26 millions de chômeurs, dont beaucoup de jeunes. M. Van Rompuy a à cet égard défendu plusieurs éléments contenus dans le budget européen pluriannuel adopté le mois dernier, dont une initiative de 6 milliards d’euros pour les jeunes.

Partie prenante à ce sommet social, la secrétaire générale de la confédération européenne des syndicats (CES), Bernadette Segol, a tenu à mettre les leaders européens en garde contre les effets des réformes structurelles appliquées sous l’impulsion européenne.

« La confiance de la population est en train de se réduire, et ces gens ont aussi un droit de vote », a-t-elle rappelé à un an des élections européennes dont les résultats sont particulièrement redoutés dans ce contexte de crise. « Les réformes structurelles dont il est question ne font que mettre la pression sur des personnes qui ont déjà payé les effets de la crise », a averti Mme Segol.

Vu l’anémie de l’économie et la montée du chômage, ce dont l’Europe a besoin à présent, c’est d’investissements, a encore jugé Mme Segol, plaidant en conséquence pour que les Etats membres puissent interrompre les politiques de restriction budgétaire.

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