Eduardo Cunha, Machiavel brésilien qui veut en finir avec Dilma Rousseff © Reuters

Brésil : le « stratège » derrière la destitution de Rousseff sur le point d’être révoqué

Le Vif

Eduardo Cunha, celui qui a tiré les ficelles de la destitution de la présidente du Brésil Dilma Rousseff et ancien président controversé de l’assemblée nationale, pourrait perdre son mandat de député lundi si ses pairs votaient en faveur de sa révocation.

Ce député évangélique ultra-conservateur de 58 ans est visé par de multiples accusations de corruption dans le cadre du scandale Petrobras, soupçonné notamment d’avoir alimenté un compte secret en Suisse avec des pots-de-vin de plusieurs millions de réais. Il sera jugé lundi pour avoir « menti » aux députés sur ce compte en Suisse, niant en être le titulaire.

M. Cunha avait été suspendu de ses fonctions par la Cour suprême le 5 mai, moins d’un mois après que les députés eurent donné le feu vert à l’ouverture de la procédure de destitution de Dilma Rousseff. La dirigeante de gauche a été définitivement écartée du pouvoir le 31 août et remplacée par son vice-président conservateur, Michel Temer.

M. Cunha a usé d’incessants artifices pour freiner la procédure qui pourrait lui faire perdre son mandat et selon les analystes, il jouera sa dernière carte lundi en demandant à ses pairs le report du vote sur sa destitution après les élections municipales d’octobre ou une simple suspension, au lieu de la perte de son mandat

En dernier recours, il pourrait également demander à ne pas perdre ses droits civiques pendant huit ans contrairement à ce que prévoit la Constitution en cas destitution.

Mais selon des sondages publiés par la presse ce week-end, un grand nombre de ses alliés l’ont abandonné. Le quotidien O Globo indique que 297 députés (sur un total de 513) voteraient contre M. Cunha, soit 40 de plus que le minimum requis. Une vingtaine d’entre eux sont de son propre parti, le PMDB (centre droit), le parti de M. Temer. MM. Cunha et Temer ont été accusés par Dilma Rousseff d’avoir orchestré un « Coup d’Etat » parlementaire contre elle.

Pendant de longs mois, Eduardo Cunha a eu tout le loisir de tirer les ficelles dans la procédure de destitution de Mme Rousseff, pour maquillage des comptes publics, qu’il a menée au pas de charge jusqu’à ce qu’elle soit approuvée par une écrasante majorité des députés le 17 avril.

Adulé par les secteurs les plus conservateurs du Parlement, honni par la gauche et l’écrasante majorité des Brésiliens, il avait été ce jour-là copieusement insulté à la tribune par les députés de gauche qui l’avait traité de « Canaille ! », « Voyou ! », « Gangster ! » ou encore de « Putschiste ! ».

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