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Bras de fer à l’ONU après l' »attaque chimique » en Syrie

La Russie s’oppose de nouveau aux pays occidentaux sur le dossier syrien à l’occasion d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à l’attaque chimique présumée ayant fait 72 morts la veille en Syrie. Moscou a jugé « inacceptable » en l’état le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant l’attaque de mardi.

Ce texte a commencé à être débattu à 16H00 devant le Conseil de sécurité, où le dossier syrien divise les Occidentaux et la Russie, souvent suivie par la Chine, depuis le début du conflit syrien il y a six ans. La réunion se tient alors que des médecins tentent de sauver les blessés les plus atteints parmi les plus de 160 personnes soignées après l’attaque de mardi. Cette dernière a déjà provoqué la mort de 72 civils, dont 20 enfants, selon un nouveau bilan établi mercredi par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ce bilan « pourrait encore augmenter car il y a des personnes disparues », a-t-il précisé.

Ces victimes ont été prises de convulsions alors qu’elles se trouvaient chez elles ou dans la rue lorsque le raid aérien a visé, mardi vers 07H00 (06H00 HB), Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d’Idleb dans le nord-ouest. La nature des substances chimiques n’a pas été formellement identifiée. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a précisé que certaines victimes présentaient des symptômes évoquant une exposition à une catégorie de produits chimiques « comprenant des agents neurotoxiques ». Médecins sans frontières (MSF) évoque « un agent neurotoxique de type gaz sarin » sur la base des constatations faites par son équipe déployée à l’hôpital de Bab Al Hawa, où sont soignés des blessés. Huit patients présentent des « symptômes -pupilles rétractées, spasmes musculaires et défécation involontaire- caractéristiques », souligne MSF.

La deuxième « attaque chimique » la plus meurtrière

Le raid de mardi est, selon l’OSDH, la deuxième « attaque chimique » la plus meurtrière depuis le début du conflit syrien après celle au gaz sarin qui avait fait plus de 1.400 morts dans la banlieue de Damas en 2013. Celle-ci avait failli provoquer une escalade de la guerre mais les Etats-Unis avaient finalement décidé de ne pas intervenir. L’armée russe a en partie disculpé le régime en affirmant dans la matinée que l’aviation syrienne avait frappé la veille un « entrepôt » des rebelles contenant des « substances toxiques ».

En explosant, ces dernières se sont disséminées dans l’atmosphère. Moscou a ensuite qualifié le projet de résolution de « catégoriquement inacceptable » car « son défaut est d’anticiper les résultats de l’enquête et de désigner des coupables ». Ce texte appelle à une enquête complète et rapide de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Il demande au régime de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l’attaque.

L’inconnue réside dans l’attitude qu’adoptera la nouvelle administration américaine de Donald Trump, confrontée à sa première grande crise en Syrie. La Maison Blanche a durci le ton à l’encontre du président Assad qu’elle tient pour responsable de cette attaque, un « acte odieux ». Mais cette condamnation s’est accompagnée une nouvelle fois d’un appel à reconnaître la « réalité politique » en Syrie. L’opposition politique syrienne a d’ailleurs déploré les positions de M. Trump. L’opposition syrienne a prévenu que l’attaque remettait en cause les négociations de paix parrainées par l’ONU à Genève et qui pour le moment n’ont abouti à rien.

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