Rhinocéros noir originaire d'Afrique du Sud dont la corne a été coupée © REUTERS

Braconnage : l’exil en Australie pour sauver les rhinocéros africains

Stagiaire Le Vif

Quatre-vingts rhinocéros vont être transférés d’Afrique du Sud en Australie pour tenter de sauver l’espèce du braconnage qui risque d’exterminer les derniers mammifères d’ici 10 ans si rien n’est fait. Ce projet titanesque sera étalé sur 4 ans.

En 2015, 1.338 rhinocéros ont été massacrés sur l’ensemble du continent africain, selon l’Union Internationale pour la Protection de la Nature. Un chiffre en augmentation constante depuis 2007, début de la vague de braconnage, où 13 d’entre eux avaient été tués. La majorité a été décimée en Afrique du Sud, régions abritant plus de 80 % de la population mondiale de ce mammifère. D’après l' »Australian Rhino Project », les rhinocéros d’Afrique (noirs et blancs) auront disparu d’ici 10 ans si leur massacre se poursuit.

Si les rhinocéros sont l’une des cibles favorites des braconniers, c’est pour leurs cornes. Composée principalement de kératine, la poudre qui en est extraite se vend une petite fortune en Asie. Pour une seule corne, le prix sur le marché est estimé à 80 000 dollars soit environ 70 000 euros au kilo. Les Asiatiques prêtent à cette poudre des vertus thérapeutiques et aphrodisiaques qui n’ont jamais été prouvées par la communauté scientifique.

Ray Dearlove, le co-fondateur du projet « Australian Rhino Project » explique à l’AFP : « Nous comptons déplacer 80 rhinocéros sur une période de quatre ans. Nous pensons que cela va permettre d’obtenir un élevage qui pourra se reproduire ». D’origine sud-africaine mais installé en Australie, cet ancien directeur commercial souhaite faire voyager ces bêtes à cornes en avion pour les déplacer à environ 11 000 km de leur habitat naturel, loin des braconniers.

Un projet aussi grandiose que coûteux puisque le transport d’un seul rhinocéros coûtera 60 000 dollars australiens donc environ 39 000 euros. Une somme importante, sachant que le projet est financé exclusivement par des particuliers ou des entreprises privées. Six mammifères s’envoleront déjà pour l’Australie avant la fin de l’année et Ray Dearlove espère« accélérer le mouvement » après ça, il faut que « cette première se passe bien », car « c’est compliqué et cher ».

Sous haute protection

Les autorités sud-africaines et australiennes ont imposé des conditions strictes à ce voyage très particulier. Les rhinocéros déplacés devront en effet être mis en quarantaine en Afrique du Sud durant 2 mois avant leur départ. Une fois arrivés à Sydney, ils seront placés dans un zoo, avant d’être installés définitivement dans un parc. Pour des raisons de sécurité évidente, le nom du parc n’est, pour l’instant, pas encore révélé.

L’idée de déplacer ces animaux pour les protéger n’est pas nouvelle : « Plus de 100 rhinocéros en moins d’un an et demi ont été amenés dans des parcs nationaux ou des réserves privées au Botswana », précise Edna Molewa, ministre sud-africaine de l’Environnement, à l’AFP. Pour « Rhinos Without Borders » (« Rhinos Sans Frontières »), les parcs du Botswana sont considérés comme plus sûrs pour les mammifères que l’Afrique du Sud. En effet, les autorités botswanaises « ont une stratégie anti-braconnage organisée et très dure. Les forces de défense anti-braconnage ont le feu vert pour abattre les braconniers armés qu’ils rencontrent dans les parcs », précise le directeur du projet de l’ONG, Les Carlisle. De plus, les rhinocéros transférés dans cette région d’Afrique ont une puce GPS dans leur corne pour être plus facilement tracés.

Par Axelle Verstraeten

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