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Birmanie : des violences communautaires secouent l’ouest du pays

L’Etat Rakhine a été placé sous état d’urgence, après des affrontements. Cette région abrite une importante communauté musulmane, d’origine indienne ou bangladeshi, ainsi que les Rohingyas, l’une des minorités l’une des plus persécutées au monde.

La question des minorités ethniques en Birmanie est loin d’être résolue, malgré la transition politique en cours. L’Etat Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, s’est réveillé lundi sous état d’urgence, après des violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans. Ces violences se sont produites à Maungdaw, à proximité du Bangladesh, et ont fait au moins sept morts, selon l’ONU.

Le couvre-feu a été imposé à quatre villes de cet Etat, dont la capitale Sittwe. Dans cette ville, les restes calcinés d’habitations témoignaient lundi des violences des jours précédents qui, selon les médias officiels et en l’absence d’aucun autre bilan, ont fait sept morts et 17 blessés depuis vendredi.

Selon les chiffres officiels, quelque 500 maisons ont été détruites dans ces affrontements confessionnels qui font suite au lynchage de dix musulmans, il y a une semaine, par une foule de bouddhistes en colère dans le sud de l’Etat Rakhine (autrefois appelé Arakan) qui voulait venger le viol d’une femme. Cette région de Birmanie est marquée par des tensions religieuses latentes. En 2003, des affrontements entre musulmans et bouddhistes dans plusieurs villes, notamment Rangoun et Mandalay, avaient déjà fait plusieurs morts.

Les musulmans fréquemment stigmatisés dans le discours dominant

L’Etat Rakhine tient son nom de sa population, une minorité ethnique bouddhiste. Mais il abrite aussi une importante communauté musulmane, d’origine indienne ou bangladeshi, ainsi que les Rohingyas, une minorité apatride considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde.

En Birmanie, les musulmans représentent officiellement 4% de la population, à 89% bouddhiste. La tension a conduit à des séries d’émeutes antimusulmanes dans le pays ces 15 dernières années, notamment dans cet Etat qui accueille une importante communauté musulmane.

Les Rohingyas ne font pas partie des minorités ethniques reconnues par le régime de Naypyidaw. Ils sont près de 800.000 confinés dans le nord de l’Etat Rakhine, et plus de 200.000 au Bangladesh, dont plusieurs dizaines de milliers dans des camps.
Tous ces musulmans sont fréquemment stigmatisés, dans le discours dominant, comme un groupe étranger et dangereux. Ce qui entraîne la multiplication de rumeurs, au sein des différentes communautés.

Au-delà de ce dossier complexe, ces violences mettent en exergue les tensions religieuses sous-jacentes dans un pays où, soulignent les experts, être birman signifie généralement être bouddhiste.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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