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Biographie : Valérie Trierweiler porte plainte

Son rôle à l’Elysée, son influence sur le président, ses rapports avec Nicolas Sarkozy: un livre d’Alix Bouilhaguet et de Christophe Jakubyszyn détaille la vie de la « frondeuse » compagne de François Hollande. Valérie Trierweiler a décidé de porter plainte pour diffamation et atteinte à la vie privée contre les auteurs du livre.

Ce livre revient sur le parcours de l’actuelle compagne de François Hollande et livre des détails sur sa vie privée. »Le caractère des propos sous forme d’affirmations des auteurs, adossés à des rumeurs non avérées et malveillantes visant à salir sa personne et ses proches, ont conduit Mme Valérie Trierweiler à prendre cette décision », a expliqué son avocate Me Frédérique Giffard dans un communiqué.

« On prend note de cette décision et on va laisser la justice suivre son cours. Cela marque une nouvelle fois les ambiguïtés entre le pouvoir et les journalistes en France », a réagi Alix Bouilhaguet.

Extraits du livre « La Frondeuse » (Edition du Moment)

Valérie Trierweiler l’inconnue est devenue la mystérieuse, puis la détestée… Au centre de tous les regards et, aussi, au coeur d’une problématique politique – comment rompre avec certaines dérives du quinquennat précédent?

Scène de campagne

Parfois, cette volonté de Valérie Trierweiler de faire rentrer son compagnon au fond de leur bulle a donné des sueurs froides à l’équipe de campagne. Dimanche 25 mars, après trente-six heures de visite électorale en Corse, la caravane fait une dernière halte en Balagne. Pour ces premiers jours de printemps, à Calvi, le temps est magnifique, l’air doux, la lumière apaisante. Valérie Trierweiler est subjuguée par la beauté de cette ville entre mer et montagne. Elle se saisit de l’agenda officiel du candidat et se tourne vers un des membres de l’équipe: « Il faut nous laisser deux heures tous les deux. Trouvez-moi deux heures. »

Au moment de déjeuner, Valérie embarque François pour une destination inconnue. Dix minutes plus tard, les voilà au bord de l’eau, à Calvi. Elle a choisi, sur les conseils d’un élu local, la terrasse ensoleillée du restaurant les Palmiers. Accueilli sur place par le maître des lieux, Théo Luciani, le couple déguste les spécialités locales.

« Tout va bien, ils sont au bord de l’eau chez Théo », rapporte un élu au staff de campagne. « Tout va bien? » s’étrangle un des proches de Hollande, devenu depuis ministre. Il vient de réaliser que Valérie Trierweiler prend le risque de provoquer le faux pas de la campagne: la plage, la mer, le soleil, le vin rosé et les spécialités locales pour un couple enamouré… Une seule photo provoquerait l’incident médiatique. Nous sommes le 25 mars, trois jours après l’hommage solennel de la Nation aux soldats tués par Mohamed Merah.

[…] Très vite, à la demande de l’équipe du candidat, Hyacinthe Mattei, le maire de Monticello, et d’autres élus de Balagne activent leurs réseaux pour « sécuriser » les abords du restaurant. Pas un appareil photo, pas un téléphone portable ne doit être dégainé pendant toute la durée du repas. Les paires d’yeux se démultiplient sur le vieux port de Calvi, prêts à intercepter les possibles paparazzis amateurs. Il n’y aura pas de dérapage. François Hollande et Valérie Trierweiler ne sauront pas tout de suite que leur escapade a déclenché un véritable plan Orsec à l’échelle de l’île. Il a fallu toute l’habileté et la discrétion des élus locaux pour éviter un incident. La compagne du candidat a emporté, elle, un merveilleux souvenir du déjeuner…

Quelle influence?

Si elle s’impose en conseillère « image », elle nie farouchement tout rôle politique. Lorsque son compagnon devient président de la République, de mauvaises langues lui attribuent un rôle dans la composition du gouvernement Ayrault. Elle balaie l’accusation d’un trait d’humour : « Quand je lis que j’ai composé le gouvernement… La vérité, c’est que si je l’avais composé, il y a des gens qui n’y seraient pas ! » […] « Dans les faits, je crois que Valérie n’a pas de rôle sur le plan politique. Mais François et elle en parlent beaucoup entre eux. Ils font des commentaires sur les uns et les autres, analyse Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur. Avec Valérie, il a une relation politique plus dense qu’il n’avait avec Ségolène. Mais elle ne l’influence pas et notamment pas sur la constitution des équipes. »

Un couple arrive à l’Elysée

Le portable de Valérie Trierweiler sonne. Elle se trouve à l’Elysée en ce jeudi 17 mai. A l’autre bout du fil, François Hollande. Pour le président, une nouvelle journée marathon commence. Il doit présider à 15 heures son premier Conseil des ministres. « Valérie, s’il te plaît, pour la photo du gouvernement, est-ce que tu peux me sortir un costume ? » Valérie Trierweiler, surprise, marque une pause et lui répond : « Oui, je vais le faire… Mais, tu sais, ne compte pas sur moi pour faire ça et que ça ! »

[…] « Et pourquoi tu n’irais pas travailler dans l’édition ? » La question brûlait les lèvres de François Hollande depuis des semaines. Elle est désormais posée à Valérie Trierweiler. Il le pensait déjà pendant la campagne mais, depuis son élection, le chef de l’Etat mesure combien il sera compliqué pour elle de continuer à exercer sa profession de journaliste. Il en appelle depuis des années à une « République irréprochable ». Et cette obstination de sa compagne à rester journaliste lui fait craindre un mélange des genres préjudiciable à sa présidence. Valérie Trierweiler le fusille du regard. Et décoche aussitôt : « Mais je n’ai aucune envie d’aller travailler dans l’édition! »

Certains patrons lui tendent pourtant les bras, comme Arnaud Lagardère. Le PDG du groupe du même nom, propriétaire de plusieurs maisons d’édition, lui a proposé de l’accueillir au sein de l’une d’elles. « Ça ne règle pas le problème, poursuit-elle avec fermeté. On m’attaquera sur autre chose et, notamment, sur mon employeur. » François Hollande en convient.

[…] Quelques jours plus tard, nouvelle offensive élyséenne. Cette fois, elle émane d’un membre du cabinet du président. « Pour vous, ça va être compliqué de continuer à travailler », glisse le haut fonctionnaire au détour d’une réunion. Piquée au vif, Valérie Trierweiler se fige et décoche : « Si vous voulez, je peux aussi aller m’inscrire à Pôle emploi et demander des bourses pour mes enfants ! » Brisant le silence consterné de l’assemblée, elle assène en guise de conclusion : « Je reste journaliste, ou j’arrête tout ! »
Même Manuel Valls, pragmatique, ose : « Valérie pourrait mettre sa carrière entre parenthèses et espérer la retrouver demain. Mais elle vit ça comme un déchirement. Je ne dis pas qu’elle va renoncer. Je dis que ça va être très difficile. »

Le bras de fer avec Nicolas Sarkozy

La scène se déroule lors d’une garden-party, au milieu des années 2000. Jacques Chirac est encore président et Nicolas Sarkozy, son ministre de l’Intérieur. Il déambule dans le jardin du Palais, noir de monde, comme chaque année le jour du 14 Juillet. Il tient sa femme Cécilia par la main. Le couple croise Valérie Trierweiler. Discrètement, Nicolas Sarkozy, sans lâcher la main de sa femme, se penche vers la journaliste de Paris Match et lui murmure à l’oreille: « Qu’est-ce que t’es belle! » Cela fait quelque temps déjà que Nicolas Sarkozy a repéré la splendide trentenaire.

[…] C’est lors d’un déjeuner avec un groupe de journalistes féminines que Nicolas Sarkozy décide de jeter son dévolu sur Valérie Trierweiler. Autour de la table, dans la salle à manger du ministère de l’Intérieur, place Beauvau, il y a ce jour-là Isabelle Torre de TF 1, Ruth Elkrief de RTL, et Valérie Trierweiler de Match. Nicolas Sarkozy semble particulièrement heureux d’être entouré de femmes. Il connaît moins Valérie Trierweiler, qui suit principalement la gauche et le président Chirac. Il en profite donc pour mieux faire connaissance avec la reporter. D’apparence froide et réservée, elle intrigue le ministre de l’Intérieur, qui la pousse dans ses retranchements. Comme à son habitude, il tutoie tout le monde. Il aime instaurer une forme de familiarité avec les journalistes, espérant la transformer en connivence. Profitant d’une remarque de Valérie Trierweiler sur l’une de ses récentes déclarations, il répond : « Oui mais toi, tu es une petite-bourgeoise! Tu habites dans le XVIe, donc tu ne peux pas comprendre ce qui se passe dans les quartiers. Comme tous les journalistes, tu as un avis sur tout. »

Piquée au vif, elle réplique: « Je ne vous permets pas. Et, d’ailleurs, je n’habite pas le XVIe arrondissement. » Si Nicolas Sarkozy n’est pas gêné qu’on lui tienne tête, il aime aussi montrer sa puissance: « Ah bon, tu n’habites pas le XVIe? Mais, tu sais, je suis ministre de l’Intérieur. Si je veux savoir où tu habites, je demande et on me donne l’information dans les dix minutes… Tu veux voir? » Valérie Trierweiler lui lance un regard de défi. Le même qu’elle adressera quelque temps plus tard dans les jardins de l’Elysée au goujat qui lui glisse un compliment à l’oreille, tout en tenant sa femme par la main.

Amorcée par ces deux épisodes, la relation entre Nicolas Sarkozy et Valérie Trierweiler demeure conflictuelle. Il disait parfois à des proches: « Mais pour qui elle se prend, celle-là? Je ne suis pas assez bien pour elle? […] Lorsqu’il apprend la liaison de Valérie Trierweiler avec François Hollande, la première remarque de Nicolas Sarkozy ne manque pas d’intérêt, si l’on se projette en 2012: « Comment a-t-il fait pour séduire un canon pareil? »
[Le 8 mars, Louis Sarkozy a jeté des billes et des tomates sur une policière en faction à l’Elysée, et l’information a fuité. Nicolas Sarkozy réagit.]

Il demande donc aux services de police d’éplucher les incidents éventuels ayant pu concerner François Hollande et sa compagne. Les services tombent sur une affaire mineure mais qui apparaît très vite aux yeux du candidat Sarkozy comme une pépite: un procès-verbal de police citant l’un des fils de Valérie Trierweiler interpellé dans la rue en possession d’un pétard, quelques semaines plus tôt!

Dès le samedi après-midi, quelques heures après la révélation de RTL, les équipes du candidat font savoir à plusieurs journalistes que l’un des fils de Valérie Trierweiler a fait l’objet d’un contrôle, il détenait de la drogue. Interrogée par les journalistes « alertés » par l’Elysée, l’équipe de François Hollande s’efforce de donner la version précise de l’incident. Billes et tomates contre pétard… La plupart des rédactions, jugeant que la campagne électorale mérite mieux et, surtout, que les enfants ne doivent pas être placés sur le champ de bataille, feront l’impasse sur ces « informations ».
Mais Nicolas Sarkozy n’est pas homme à lâcher l’affaire. Dès le lundi, il fulmine contre les rédactions qu’il visite dans le cadre de ses interviews quasi quotidiennes en cette période électorale : « Cette affaire est beaucoup plus grave que celle de mon fils! Or personne n’en parle. L’histoire de mon fils a fait une dépêche AFP et, là, pas une ligne. » […]

Valérie Trierweiler, elle, est ulcérée. Nicolas Sarkozy a touché à ses enfants et donc a commis un manquement grave à ses yeux. Elle compte bien le lui dire en face. Peu importe où, mais le plus vite possible. Voilà pourquoi elle décide, entre autres raisons, d’accompagner François Hollande aux obsèques des militaires tués par Mohamed Merah. Cet homme de 23 ans a aussi exécuté froidement, quelques jours après, des enfants et un père de famille à la sortie d’une école juive. Il est abattu, le lendemain de ces funérailles nationales, lors de l’intervention du GIGN pour le déloger de son appartement.

Ce 21 mars, dans la caserne de Montauban, Valérie Trierweiler est donc présente au côté de François Hollande, avec les autres candidats à la présidentielle. Après la cérémonie, alors que Nicolas Sarkozy salue son adversaire socialiste, il croise le regard de Valérie Trierweiler. Des yeux noirs, foudroyants. Les caméras de télévision captent cette expression accusatrice, sans que nul ne se doute à l’époque qu’elle est celle d’une mère outragée. « Je voulais qu’il le voie, ce regard. J’aurais voulu même lui parler, trouver l’occasion de lui dire ce que je pensais de ce qu’il disait de mon fils dans les rédactions, confie le lendemain Valérie Trierweiler à un ami. Après tout cela, je suis blindée. Ils ne me font pas peur. »

Avec L’Express.fr

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