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Bernadette Lafont, égérie de la Nouvelle Vague, est décédée

Le Vif

L’actrice Bernadette Lafont, morte jeudi à l’âge de 74 ans au CHU de Nîmes, était devenue l’égérie de la « Nouvelle vague » dans les années 1950, se mettant tout au long de sa carrière à la fois au service d’un cinéma d’auteur et d’un cinéma populaire. Récompensée par un César d’honneur en 2003, elle avait tenu l’un de ses plus beaux rôles dans « La Fiancée du pirate » de Nelly Kaplan (1969).

Née le 26 octobre 1938 à Nîmes, dans le Gard, Bernadette Lafont se destinait à la danse, avant d’épouser le comédien Gérard Blain et de commencer à Paris une carrière improvisée de comédienne devant la caméra de jeunes auteurs issus des Cahiers du cinéma.

En 1957, le cinéaste débutant François Truffaut la choisit comme interprète de son moyen-métrage « Les Mistons ». Claude Chabrol lui fait camper une pulpeuse et irrésistible garce de village dans « Le Beau Serge » (1958).

Sans formation, jouant d’instinct, de façon directe et dépourvue d’artifice, Bernadette Lafont, piquante et délurée, interprètera les oeuvres marquantes de la Nouvelle vague, notamment sous la caméra de Chabrol (« A double tour », « Les Bonnes femmes », « Les Godelureaux »).

Après une éclipse durant laquelle elle se remarie et a trois enfants, sa carrière est relancée dans les années 1960 par des réalisateurs plus classiques (Molinaro, Costa-Gavras, Malle), et surtout par Nelly Kaplan grâce à qui elle renoue avec le succès. Truffaut lui offre en 1972 « Une belle fille comme moi ».

Mais au risque de faire vaciller sa popularité, l’actrice continue à servir de jeunes auteurs, comme Moshé Mizrahi (« Les Stances à Sophie, 1971), Jean Eustache (« La Maman et la Putain », 1973), Laszlo Szabo (« Les Gants blancs du diable », 1973) ou « Rien sur Robert » de Pascal Bonitzer (1999).

Dans les années 1980, elle apparaît dans plusieurs films de Jean-Pierre Mocky (« Le Pactole », « Les Saisons du plaisir »). « L’Effrontée » de Claude Miller (1985) lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle.

A 74 ans, elle incarne une délinquante senior dealeuse de haschisch dans une cité dans « Paulette ». Le film sorti au début de l’année 2013 est un succès, franchissant la barre du million de spectateurs.

Bernadette Lafont a tourné nombre de téléfilms et joué au théâtre « La Tour de la Défense » de Copi (1981), « Désiré » de Guitry (1984), « Léo » de Patrick Lumant (2002), « Les Monologues du vagin » d’Eve Ensler (2002), « Ecrits d’amour » de Claude Bourgeyx (2004) et « Si c’était à refaire » de Laurent Ruquier (2006).

Officier de la Légion d’honneur, Bernadette Lafont avait épousé en secondes noces le sculpteur hongrois devenu réalisateur Diourka Medveczky, dont elle a eu trois enfants: Elisabeth, David et Pauline, actrice comme sa mère, morte accidentellement en 1988 à l’âge de 25 ans.

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