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Berlin va aux urnes, poussée populiste en perspective

Le Vif

Les électeurs de Berlin votaient dimanche pour renouveler leur parlement, un scrutin dans une métropole réputée libérale et branchée qui devrait voir une autre poussée des populistes anti-migrants de l’AfD et un nouveau résultat douloureux pour le camp d’Angela Merkel.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8H00 locales (06H00 GMT) et fermeront à 18H00 (16H00 GMT). Les premières estimations de résultat, publiées par les chaînes de télévision publiques, devraient suivre dans la foulée.

Le Parlement local élu dimanche désignera ensuite le maire de cette cité en mutation de 3,5 millions d’habitants.

La chancelière allemande ne devrait s’exprimer que lundi en milieu de journée sur les résultats.

Selon un dernier sondage publié vendredi par la chaîne publique ZDF, le SPD (sociaux-démocrates) du maire sortant Michael Müller fait la course en tête avec 23% des intentions de vote, devant la CDU de Mme Merkel (18%) et les Verts (15%) alors que la droite populiste AfD, pour sa première participation à ce scrutin, devrait atteindre 14% des voix.

Si ces scores se confirment, les deux grandes formations, qui gouvernent dans une « grande coalition » au niveau fédéral, enregistreraient un résultat historiquement bas depuis la Réunification.

Diversité

Même si les conservateurs sont traditionnellement assez faibles à Berlin, un mauvais score viendrait compliquer la tâche de la chancelière à un an des législatives, alors que sa généreuse politique migratoire de 2015 est dénoncée par certains de ses alliés comme la cause de la fin du tabou populiste en Allemagne.

L’AfD, jeune formation qui en trois années d’existence est passé d’un programme anti-euro à un discours islamophobe, est déjà représentée dans neuf des seize Länder allemands. Elle a enchaîné les bons résultats lors de quatre régionales en 2016 en surfant sur les inquiétudes nées de l’arrivée d’un million de demandeurs d’asile l’an dernier.

Les derniers jours de la campagne ont été marqués par les appels à faire barrage à la droite populiste dans cette ville qui compte 13,5% d’immigrés et se revendique multi-culturelle grâce à ses fortes communautés turque ou russe.

Le maire, qui a posé pour une affiche électorale avec une femme voilée, a comparé l’essor de l’AfD à celui des nazis appelant les électeurs à éviter « que l’histoire ne se répète ».

Son principal opposant, le conservateur Frank Henkel et ministre berlinois de l’Intérieur, a lui dénoncé un parti qui « tolère des racistes à sa tête ».

Même le légendaire club techno Berghain, qui a tant contribué à faire de Berlin LA ville en vogue en Europe, a appelé à stopper la percée populiste dans les urnes.

Mme Merkel, dont le parti a été humilié le 4 septembre par l’AfD lors d’un scrutin en Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est), a reconnu que la classe politique avait du mal à répondre au défi populiste et à la défiance vis-à-vis des élites politiques.

« Nous devons continuer d’essayer encore et encore car je pense que nous ne devons pas abandonner les électeurs protestataires », a souligné la chancelière sur une radio berlinoise.

Branchée et mal-gérée

Mais c’est bien elle et sa politique sur les migrants qui est la cible favorite des populistes. En marge d’un meeting de la CDU mercredi, elle a essuyé les sifflets et les invectives « Dégage » de sympathisants d’extrême droite.

Le maire espère lui, après le vote, pouvoir former une coalition avec les Verts voire la gauche radicale et rompre ainsi son alliance à la tête de Berlin avec la CDU.

Au-delà du contexte politique national, des thèmes spécifiques à Berlin ont largement entamé la confiance des électeurs vis-à-vis des deux grands partis.

Considérée comme l’une des villes les plus dynamiques d’Europe grâce notamment à un réseau dense de start-up, Berlin voit les prix de l’immobilier s’envoler. Elle est aussi depuis la Réunification ultra-endettée, souffre de services publics défaillants, qu’il s’agisse des transports en commun, de l’accueil catastrophique des réfugiés ou des écoles délabrées.

Symbole de ces dérives: la construction du nouvel aéroport international devenue sujet de moquerie numéro un des Allemands. Ce chantier a pris plus de cinq ans de retard pour un surcoût se comptant en milliards en raison de grossières erreurs de conception.

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