Alexis Tsipras et Angela Merkel © AFP

Berlin juge « stupides » les exigences chiffrées par Athènes

Le ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel a qualifié mardi de « stupides » les nouvelles estimations de la Grèce concernant les réparations réclamées à Berlin au titre de la Seconde guerre mondiale, soit 278,7 milliards d’euros.

« Honnêtement, je trouve ça stupide », a déclaré M. Gabriel, également vice-chancelier social-démocrate du gouvernement d’Angela Merkel, lors d’une conférence à son ministère. Selon Sigmar Gabriel, l’intérêt de la Grèce est d’avoir une marge de manoeuvre pour résoudre ses problèmes de dette, mais « cette marge de manoeuvre n’a rien à voir avec la Deuxième Guerre mondiale et le paiement de réparations », a-t-il insisté. Interrogé par l’AFP, un porte-parole du ministère des Finances a indiqué que le sujet « était clos, juridiquement et politiquement », réitérant la position de Berlin et refusant de commenter les nouvelles exigences chiffrées d’Athènes. Lors d’un débat au Parlement grec entamé samedi, le secrétaire d’Etat au Budget, Dimitris Mardas, a indiqué que ses services avaient évalué à 278,7 milliards d’euros le montant des réparations de guerre dues par l’Allemagne à la Grèce à la suite de l’occupation du pays entre 1941 et 1944. Le débat sur les réparations allemandes a resurgi depuis le début de la crise économique en Grèce et le gouvernement d’Alexis Tsipras, confronté à de grandes difficultés de financement, revendique le paiement de ces réparations. Selon M. Mardas, la somme de 278 milliards comprend un prêt forcé de 10,3 milliards d’euros exigé de la Banque de Grèce par les occupants ainsi que les dommages subis par les « particuliers et les infrastructures » du pays. Un rapport de la Comptabilité nationale grecque avait dans le passé évalué le montant des réparations à 162 milliards d’euros. Officiellement, pour Berlin, le sujet des réparations et des dédommagements de guerre a été définitivement réglé via des traités internationaux, mais certains responsables sont moins catégoriques. Mi-mars, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Michael Roth avait proposé d’augmenter la contribution allemande à un fonds germano-grec, semblant entrouvrir la porte à certaines compensations, mais sans fournir de chiffres. Alors que l’opposition de gauche allemande plaide depuis des semaines pour une attitude plus favorable envers la Grèce, Bernd Riexinger, président du petit parti de gauche radicale Die Linke, a estimé lundi que le prêt forcé imposé par l’Allemagne nazie « devait être remboursé », dans une déclaration à l’AFP. « Le gouvernement allemand ferait mieux de coopérer » avec Athènes « et de se mettre sur le chemin du dialogue, de la compréhension et du droit », a-t-il ajouté, concédant que le thème des réparations était « inconfortable ».

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