Berlin et sa tour de télévision © EPA

Berlin et sa tour de télé devenue culte

Le Vif

Sur des tee-shirts, en forme de verre à cocktail, en flacon de parfum… Cinquante ans après sa mise en chantier en août 1965, la Fernsehturm de Berlin-Est et son million de visiteurs annuel est la star des boutiques de souvenirs berlinoises.

La tour de télévision de 368 mètres avec son antenne, érigée par la défunte République démocratique allemande (RDA), devait démontrer la supériorité technique de l’Allemagne communiste et remplir d’admiration les Berlinois de l’Ouest, l’édifice étant l’un des rares visibles au-delà du mur. Et un demi-siècle plus tard, 25 ans après la réunification, en terme de notoriété, elle distance de loin son homologue ouest-allemande, une sorte de mini tour Eiffel construite dans les années 1920 et dont le restaurant panoramique, situé à seulement 55 mètres de hauteur, ne peut faire d’ombre à celui du globe de la tour d’Alexanderplatz. Une ascension impressionnante donc, à plus de 200 mètres, qui a ravi Grit Probst, une vacancière originaire de Saxe, dont c’est la première fois au sommet depuis 1978, du temps de la RDA. « Rien n’a changé ! », s’exclame cette quarantenaire. « Sauf peut-être l’ascenseur, maintenant le toit est transparent. Mais en tout cas, il y a toujours autant d’attente qu’à l’époque ! » Son fils Mathis Probst, 11 ans, n’a pas résisté à l’attrait des nombreux produits dérivés vendus un peu partout à Alexanderplatz: il tient fièrement une tour miniature blanche et dorée dans ses mains. « J’étais très surpris, de là-haut on peut vraiment voir tout Berlin ! », s’émerveille-t-il.

Silhouette culte

Alors même qu’un autre bâtiment symbole de la RDA, le palais de la République – qui fut le siège du parlement est-allemand – a fini d’être rasé en 2008, la Fernsehturm et sa sphère de 32m de diamètre ont réussi à reléguer au second plan leur passé communiste pour devenir un symbole de la ville réunifiée. « Il est vrai que la silhouette (de la tour de télé) est devenue culte », relève la gérante de la Fernsehturm Christina Aue, interrogée par la chaîne de télévision allemande ZDF.

André Miethe, vendeur dans une boutique de souvenirs au pied de la tour, abonde en ce sens : « Les étrangers connaissent parfois mieux la tour de télévision que la porte de Brandebourg ! » Sur les 3.000 articles vendus par la chaîne auquel appartient son magasin, « les nouvelles collections mettent de plus en plus en avant la tour de télévision ». Preuve de son succès: les petites figurines représentant l’ours berlinois – animal symbole de la ville depuis le Moyen-Âge – sont encore disponibles, tandis que celles de la tour sont épuisées. L’édifice accueille aussi plus d’un million de visiteurs par an, et jusqu’à 86 nationalités différentes, selon son site. Le succès est tel qu’un système de tickets numérotés a été mis en place, ainsi qu’un service gratuit de SMS, qui prévient le visiteur à distance lorsque son tour approche.

Plus haut monument d’Allemagne

Pourtant, l’histoire de la tour a connu bien des déboires jusqu’à son inauguration après quatre années de travaux, en 1969. A l’origine, dans les années 1950, elle devait être érigée en haut des collines de Müggelberge, au sud-est de Berlin, mais l’endroit est finalement abandonné car une tour à cet endroit aurait gêné le trafic aérien. Un deuxième site est alors envisagé, dans le quartier de Friedrichshain. Mais en plein milieu de la phase de préparation des travaux, en 1962, survient une crise économique qui paralyse le projet. Sur le lieu définitif, Alexanderplatz, quelques mois après le début des travaux en août 1965, les ennuis continuent: le chantier est brusquement arrêté pour plusieurs mois en raison d’un montage financier jugé opaque. Les coûts de construction feront plus que tripler par rapport au budget d’origine. Mais au final, aujourd’hui encore, la Fernsehturm communiste reste le monument le plus haut de l’Allemagne réunifiée.

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