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Barroso sort du bois

Très discret depuis qu’il a rempilé à la tête de la Commission, Barroso se risque à critiquer Merkel. Analyse.

Par Olivier Rogeau

Blâmée tous azimuts pour ses valses hésitations dans le dossier grec et pour ses déclarations qui ont semé le doute sur le plan de sauvetage de l’euro, Angela Merkel mesure à quel point, aujourd’hui, elle a perdu de son crédit dans les cénacles européens. Si Herman Van Rompuy ménage toujours la chancelière fédérale, José Manuel Barroso, lui, a fini par sortir de sa réserve.

Dans un entretien accordé au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président de la Commission constate que le « processus de décision a tout simplement duré trop longtemps. Les marchés ont vu trop de signaux contradictoires ». Il reconnaît que « la Grèce a falsifié et manipulé » ses comptes, mais rappelle que « l’Allemagne ne s’est pas non plus comportée en conformité avec l’esprit du Pacte de stabilité. »

De fait, non seulement l’Allemagne, comme la France d’ailleurs, a enfreint pendant des années les critères du Pacte de stabilité (déficit excessif), mais ces deux pays ont tout fait pour échapper aux poursuites engagées par la Commission devant la Cour européenne de justice. Ils ont ainsi exigé et obtenu, en mars 2005, un assouplissement considérable des règles du Pacte. Cette victoire franco-allemande – lourde de conséquences ! – avait fortement déplu à la Banque centrale européenne et avait agacé des pays comme les Pays-Bas et l’Autriche, qui, eux, avaient fait l’effort de se soumettre à une discipline budgétaire.

Cinq ans plus tard, changement de cap ! Les déficits publics et la spéculation financière mettent les Etats membres au pied du mur. Du coup, Merkel appelle à un renforcement radical du Pacte de stabilité (sanctions, mise en faillite de pays trop endettés) et Paris réclame la mise en place d’un mécanisme d’alerte en cas de dette ou de déficit excessifs.

Le groupe de travail européen chargé d’ « explorer toutes les options » doit rendre ses conclusions en octobre. D’ici-là, Barroso, qui peinait à exister depuis qu’il a rempilé à la tête de la Commission, va-t-il s’émanciper pour de bon des Etats membres, comme certains l’espèrent au Parlement européen ? Sa sortie contre Merkel montre, en tout cas, qu’il est capable de sortir du bois.

O.R.

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