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Bachar al-Assad nie avoir ordonné de tuer des manifestants

Le président syrien Bachar al-Assad a nié avoir donné l’ordre de tuer des manifestants dans son pays, affirmant que seul « un fou » ferait cela, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine ABC News dont des extraits ont été diffusés mercredi.

« On ne tue pas sa population… aucun gouvernement dans le monde ne tue son propre peuple, à moins d’être mené par un fou », a-t-il déclaré.

Concédant que des membres des forces armées avaient pu aller trop loin, il a poursuivi: « Toute réaction violente a été le fait d’un individu, et non pas d’une institution ».

« Je suis président. Je ne suis pas propriétaire du pays. Ce ne sont pas mes forces », a-t-il assuré, ajoutant : « Il y a une différence entre une répression politique délibérée et quelques erreurs commises par certains responsables. Il y a une grande différence ».

« Il n’y a pas eu d’ordre demandant de tuer ou d’être violent », a-t-il affirmé.

« J’ai fait de mon mieux pour protéger la population », a déclaré Bachar al-Assad, interrogé sur d’éventuels regrets qu’il aurait face aux événements des derniers mois.

« On ne peut pas se sentir coupable quand on a fait de son mieux. On se sent désolé pour les vies qui ont été perdues, mais on ne se sent pas coupable quand on ne tue pas des gens », a-t-il dit.

Interrogé sur le bilan avancé par l’ONU de 4.000 morts dans la répression des manifestations qui secouent le pays depuis neuf mois, Bachar al-Assad a répondu: « Qui a dit que l’ONU était une institution crédible? « .

Face à la journaliste qui lui rappelait que Damas dispose d’un ambassadeur aux Nations unies, M. Assad a rétorqué en souriant: « oui, nous jouons le jeu ».

Le président syrien a par ailleurs assuré que « la plupart des personnes tuées » dans les heurts étaient « des partisans du régime, et non l’inverse », citant le chiffre de 1.100 soldats et policiers morts.

S’exprimant en anglais face à une journaliste chevronnée, Barbara Walters, Bachar al-Assad a revendiqué le soutien des Syriens, assurant qu’il quitterait le pouvoir s’il n’avait plus le soutien de son peuple.

« Si je sens que le soutien du peuple décline, je partirai. Même s’il dit, même s’il demande (que je reste)… Je ne serais pas là si je n’avais pas le soutien du peuple », a assuré avec aplomb le président syrien, qui paraissait détendu dans les extraits diffusés de l’entretien.

« Je suis devenu président grâce au soutien du peuple » syrien, a ajouté celui qui a succédé à son père Hafez en avril 2000 et qui a souvent dit qu’il ne souhaitait pas diriger la Syrie toute sa vie.

Interrogé sur les sanctions prises à l’encontre de la Syrie pour faire pression sur son régime, Bachar al-Assad en a minimisé la portée : « Nous sommes visés par des sanctions depuis 30, 35 ans. Ce n’est pas quelque chose de nouveau », a-t-il jugé.

« Nous ne sommes pas isolés. Les gens vont et viennent, il y a des échanges commerciaux, vous avez tout ce que vous voulez », a-t-il déclaré.

« Nous n’avons jamais dit que nous étions une démocratie », a rappelé le président syrien, soulignant toutefois les « réformes » accomplies en Syrie, « surtout au cours des neuf derniers mois ». « Cela prend très longtemps, cela demande beaucoup de maturité d’être une démocratie à part entière », a-t-il ajouté.

Secouée par une vague de contestation sans précédent depuis mars, la Syrie est de plus en plus isolée sur le plan international. Elle est sous le coup de sanctions des pays occidentaux et arabes.

Interrogé mardi sur des éléments de cet entretien rendus publics, un porte-parole du département d’Etat américain avait jugé « ridicule » que Bachar al-Assad « tente de s’abriter derrière je ne sais quel jeu de bonneteau et ose affirmer qu’il n’exerce pas d’autorité dans son pays ».

Le Vif.be, avec Belga

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