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Austérité, diversité culturelle, tradition, Poutine: les points de désaccord des candidats Juppé et Fillon

Le Vif

Le favori de la primaire de la droite française, François Fillon, a défendu son projet « radical » pour la présidentielle de 2017 lors d’un débat télévisé avec son rival Alain Juppé qu’il a accusé de ne « pas vouloir vraiment changer les choses ».

A trois jours du second tour qui doit les départager dimanche, et après un entre-deux-tours électrique, les deux anciens Premiers ministres ont échangé jeudi soir à fleurets mouchetés sur leurs projets de société et l’ampleur des réformes qu’ils préconisent.

« C’est vrai que mon projet est plus radical, peut-être plus difficile », a lancé François Fillon, chef du gouvernement de l’ex-président Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012, qui ne cache pas son admiration pour la Dame de fer britannique Margaret Thatcher.

Face à une gauche en miettes, le vainqueur de cette primaire a, selon les sondages, toutes les chances d’être élu président dans cinq mois face à la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen.

Arrivé largement en tête du premier tour de la primaire, François Fillon, 62 ans, promet de « réduire de moitié le chômage » en cinq ans et de faire de la France « la première puissance européenne » dans 10 ans, en administrant une cure d’austérité au pays.

Remise à plat du code du travail, allongement de la durée du travail, réformes des retraites, surpression d’un demi-million de postes de fonctionnaires, il veut créer un « déclic psychologique » afin de montrer aux Français mais aussi « à l’extérieur » que la France peut se réformer.

« Supprimer 500.000 fonctionnaires, ce n’est pas possible », a rétorqué Alain Juppé, 71 ans, partisan lui de « réformes profondes, crédibles » mais « sans brutalité ». « On ne peut pas demander à un fonctionnaire de travailler plus pour gagner moins », a-t-il insisté.

« Je ne dis pas que c’est facile mais c’est possible », a rétorqué François Fillon, accusant son adversaire de ne « pas vouloir vraiment changer les choses ». Il y a quelques semaines, il avait ironisé sur la campagne au goût de « tisane » de son concurrent.

Nettement distancé à l’issue du premier tour dimanche, Alain Juppé (28,6% des voix) avait attaqué depuis tous azimuts son concurrent (44%), au point que plusieurs ténors de son camp ont appelé à la fin des hostilités.

« Ma conscience me regarde »

Si les échanges sont restés courtois jeudi soir, le maire de Bordeaux (sud-ouest) a souligné méthodiquement tous ses points de désaccord avec son rival dont il avait critiqué cette semaine la « vision extrêmement traditionaliste » sur les questions de société, notamment l’avortement.

Refusant d’être caricaturé en « conservateur moyenâgeux », M. Fillon a assuré qu’il n’entendait pas remettre en cause l’interruption volontaire de grossesse, même si ce fervent catholique n’y est pas favorable à titre personnel. « Ma conscience, elle me regarde. »

Alors que François Fillon refusait une vision « multiculturaliste » de la France, Alain Juppé a soutenu que « l’identité de la France c’est d’abord la diversité » des origines, des couleurs de peau, des religions.

Austérité, diversité culturelle, tradition, Poutine: les points de désaccord des candidats Juppé et Fillon
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Autre divergence entre les deux concurrents: la politique étrangère, en particulier sur les relations avec la Russie. Alain Juppé s’est ainsi dit « choqué » que le président Vladimir Poutine ait « choisi son candidat » en évoquant ses « très bonnes relations » avec François Fillon. « Il se trouve que nous avons travaillé ensemble car j’ai été Premier ministre pendant cinq ans et il a été Premier ministre pendant cinq ans », s’est défendu ce dernier. « Ce sont les seules relations que nous avons », a-t-il dit.

François Fillon souhaite discuter davantage avec Moscou, estimant que son isolement conduit le Kremlin à « se durcir, à s’isoler, à actionner les réflexes nationalistes ». Il veut aussi associer l’Iran aux discussions en vue de trouver une issue à la guerre en Syrie. Mais il ne veut pas pour autant renoncer à l' »alliance » de la France avec les Etats-Unis.

Longtemps relégué au second plan par les instituts de sondages, François Fillon a créé la surprise au premier tour de la primaire avec ses 44% de suffrages. Autre coup de tonnerre du scrutin: l’élimination de l’ex-président Sarkozy.

Fort de ce score et du ralliement de son ancien « patron », François Fillon aborde le second tour en grand favori. Il est crédité de 65% des voix contre 35% à Alain Juppé, selon un sondage Ifop-Fiducial.

La presse française saluait vendredi matin la bonne tenue du débat. « François Fillon et Alain Juppé ont privilégié le fond… avec de petites tensions », titrait Le Parisien.

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