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Au Venezuela, l’opposition hésite sur sa stratégie à venir

Le Vif

Avant même l’inauguration vendredi de l’Assemblée constituante du président Nicolas Maduro, l’opposition vénézuélienne s’interrogeait sur la stratégie à suivre désormais face au pouvoir, un nouveau scrutin -les élections régionales- étant prévu en fin d’année.

Et le temps presse: les candidats pourront s’inscrire dès mardi prochain.

En 2005, après avoir dénoncé des fraudes électorales lors d’un référendum contre l’ex-président Hugo Chavez, l’opposition avait décidé de pas participer aux législatives, laissant au chavisme le contrôle absolu du Parlament durant 5 ans. « Il faut y aller, gagner tout ce qui est possible, et à partir de là, embêter le gouvernement. Sinon, ils (le camp présidentiel) prendront tout », déclare Adolfo Sucre, 23 ans, employé dans une entreprise informatique.

Mais tout le monde ne l’entend pas ainsi. « Si on ne peut pas faire confiance à l’organisme électoral, des élections, ce n’est pas réalisable », juge Elieva Gil, publicitaire de 40 ans. Les leaders de la coalition antichaviste – du nom du de l’ancien président socialiste Hugo Chavez, mort en mars 2013 -, la Table de l’unité démocratique (MUD), n’ont cessé de dénoncer depuis dimanche « la fraude la plus grande de l’histoire » organisée pour la désignation des 545 membres de l’Assemblée constituante.

Les révélations de l’entreprise britannique chargée des opérations de vote au Venezuela, qui accuse les autorités d’avoir « manipulé » le taux de participation, ont relancé la polémique. L’autorité électorale assure que plus de 8 millions de personnes ont voté (soit 41,5% du corps électoral), mais l’opposition affirme que la participation se limite en fait à quelque 3 millions de personnes. La MUD avait choisi de boycotter l’élection de la Constituante, estimant qu’il s’agit d’une « fraude » pour prolonger le pouvoir du chef de l’Etat.

Le député Henry Ramos Allup, vétéran de la politique et ex-président du Parlement, a confié que la coalition d’opposition, composée d’une trentaine de partis, allait probablement participer aux prochaines élections.

« Erreur monumentale »

« Je ne peux pas parler au nom d’un quelconque parti, mais Action démocratique (sa formation, membre de la MUD, ndlr) va participer. Je pense que ça sera approuvé », a-t-il déclaré. La manipulation intervenue selon lui durant le scrutin de la Constituante est « évidente » car organisée par le camp au pouvoir, mais ne pourrait pas se produire lors des régionales (destinées à élire les gouverneurs) en présence des observateurs de l’opposition. « Si tu ne t’inscris pas, que se passe-t-il? Le gouvernement organise des élections et on lui remet les 23 » régions, a-t-il souligné. Actuellement 20 sont contrôlées par le chavisme et 3 par l’opposition.

« Il faut participer. Si on le fait, je pense que le gouvernement va annuler les élections. Sinon, ils vont les faire sans nous », affirme une source au sein de la MUD.

Selon les analystes, si elle choisit d’inscrire des candidats l’opposition risque un affaiblissement du mouvement dans la rue. Plus de 120 personnes ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le président. « Les électeurs ne le comprendraient pas. Ce n’est pas cohérent et l’incohérence en politique se paie très cher », a déclaré la politologue Edgard Gutierrez.

L’opposition a appelé à manifester vendredi, au moment où débuteront les travaux de l’Assemblée constituante. « Quelle que soit la décision sur les régionales, elle ne sera pas exempte de critiques, mais les protestations ne vont pas diminuer. Le Venezuela a pris une décision, c’est le changement politique », a fait valoir Juan Carlos Caldera, du parti Primero Justicia (La justice d’abord).

D’autres estiment que participer au prochain scrutin est une mauvaise idée. « Ce serait une erreur monumentale, qui annulerait le mandat reçu le 16 juillet (date de la consultation populaire organisée

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