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Au Japon, 100 000 personnes s’évaporent chaque année

Muriel Lefevre

Au pays du soleil levant, la pression est souvent trop forte. Au point que des milliers de personnes disparaissent volontairement chaque année.

Chaque année au Japon, 100.000 personnes disparaissent de façon volontaire. Certains chiffres parlent même de 200.000 disparus. Un phénomène qui se retrouve au coeur du livre « Les Évaporés du Japon ». Fruit d’une enquête de la journaliste Léna Mauger et du photographe Stéphane Remaelet, ce livre est aussi le résultat d’un laborieux travail de recherches puisque le sujet reste tabou. Il n’existe, en effet, qu’une seule association qui aide les familles confrontées à une disparition aussi soudaine que brutale.

L’évaporation a généralement lieu suite à un déshonneur. Il existe en effet dans ce pays une tradition séculaire qui préconise que pour sauver son honneur, on n’a d’autre choix que de partir. Une mentalité qui refrène toute velléité des familles de se démener pour retrouver ces proches mystérieusement disparus. Une vision à l’opposé de notre pensée occidentale qui considère la fuite comme une preuve de lâcheté précise la journaliste sur France Inter.

Dettes, prison, trop de stress,… les raisons invoquées sont nombreuses pour expliquer pourquoi certains quittent leur existence sans laisser de traces. Si l’idée de changer radicalement de vie a quelque chose de fascinant pour certains et que des gens disparaissent partout dans le monde, au Japon « l’évaporation » serait devenue un véritable phénomène de société, précise encore la journaliste dans les Inrocks. Au point qu’il existe des filières qui facilitent cette disparition. Tout comme des lieux emblématiques chers aux évaporés. Loin d’être un idéal romantique, ceux qui optent pour cette voie ne refont pas leur vie. Ils s’effacent. Ils disparaissent simplement de la société. S’il n’y a pas de soupçon de crime ou un mot qui indique un suicide, la police ne fait rien. Au bout de 7 ans sans nouvelles, les familles peuvent déclarer leur proche comme mort. Arrivé à ce stade, l’évaporé est clandestin dans son propre pays.

Le mouvement prend de l’ampleur. Au point qu’il atteint aujourd’hui 0.08 % de la population. 30.000 de ces évaporés se suicident. Pourtant, malgré la honte, certains décident tout de même de revenir. Tant il est difficile de faire totalement table rase du passé.

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