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Au G20, le fantôme bisexuel qui dérange Poutine

Le Vif

Alors que débute ce jeudi le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, Barack Obama dénonce l’adoption par la Russie d’une loi homophobe. Au grand dam du Kremlin, le lieu même de la rencontre, au Palais Constantin, pourrait illustrer son propos.

Un palace reconstitué du 18ème siècle, situé à proximité de Saint-Pétersbourg, en Russie, abritera le sommet du G20, qui débute aujourd’hui. Si la plupart des discussions devraient tourner autour de la Syrie et de la crise financière dans les pays émergents, le fantôme d’un ancien résident du palais aux moeurs légères, pourrait bien frapper aux murs.

Presque entièrement détruit durant la Seconde guerre mondiale, l’édifice a appartenu à la grande famille noble des Romanov, et a vu naître en 1858, une figure de la culture russe, le grand Duc Constantin Constantinovich Romanov. Poète, traducteur, acteur, président de l’Académie russe des sciences, il comptait parmi les favoris de son plus jeune cousin, le Tsar Nicolas II.

Remarqué et remarquable pour sa sincérité et son absence de prétention, qualités rares parmi la noblesse russe de l’époque et d’aujourd’hui, Constantin est pourtant considéré comme un héros qui dérange.

Marié très jeune et père de neuf enfants, Constantin Romanov n’en était pas moins bisexuel, comme le rappelle un article récent dans le Washington Post. Dans ses nombreux journaux intimes, Constantin confiait avoir des liaisons avec de jeunes hommes, et ne cachait pas ses visites régulières aux bordels masculins de Saint-Pétersbourg. Il aurait connu sa première relation homosexuelle comme jeune soldat d’élite dans la Garde impériale de Russie.

Une telle personnalité semble déranger la Russie de Vladimir Poutine depuis la création, cette année, d’une loi interdisant toute propagande de relations sexuelles dites  » non traditionnelles « . La nouvelle législation expose toute personne soupçonnée de  » promouvoir  » l’homosexualité auprès de mineurs à des amendes voire à des peines d’emprisonnement.

Outragée, la directrice adjointe de Human Rights Watch, une organisation de défense des droits de l’Homme, Tanya Lokshina, en appelle au président américain, Barack Obama, et aux autres dirigeants invités à Saint-Pétersbourg, pour dénoncer cette loi.
Barack Obama rencontrera à ce sujet des activistes LGBT (Lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle), dans l’après-midi. Un rendez-vous planifié peu après l’annulation de la rencontre en tête-à-tête des deux dirigeants américain et russe.

Louise Bonte

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