Mohamed Houli Chemlal, seul survivant de l'explosion de la maison où la cellule confectionnait des explosifs. © Belga

Attentats en Espagne : Une attaque plus importante se préparait

Le Vif

La cellule jihadiste tenue pour responsable des sanglants attentats de Catalogne revendiqués par le groupe Etat islamique préparait bien une attaque de plus grande ampleur, selon les déclarations d’un des suspects encore en vie. Les quatre suspects ont été inculpés d’assassinats terroristes. Deux membres présumés de la cellule ont été placés en détention, un troisième est libre.

Deux membres présumés de la cellule jihadiste responsable des attentats ayant fait 15 morts en Catalogne ont été placés en détention mardi et un troisième a été laissé libre sous contrôle judiciaire, a-t-on appris de source judiciaire.

Le juge a estimé que les indices contre ce troisième suspect étaient faibles, même s’il est inculpé pour « appartenance à une organisation terroriste, assassinats terroristes, possession d’explosifs ». Le magistrat s’est aussi laissé trois jours pour enquêter et décider s’il libère le quatrième suspect.

Deux des hommes ont « rejeté la responsabilité sur l’imam, les deux autres ont dit ne rien savoir de lui », selon la source judiciaire.

L’imam marocain Abdelbaki Es Satty est mort dans une explosion accidentelle d’une maison à Alcanar à 200 km au sud de Barcelone, la veille des attentats, selon la source judiciaire. Selon la police, la maison abritait une fabrique d’explosifs.

Ces quatre Marocains sont les seuls membres présumés encore en vie d’une cellule de douze personnes responsable des attentat.

Mohamed Houli Chemlal a confirmé mardi devant le juge d’instruction ses déclarations faites en garde à vue, a dit à l’AFP une source judiciaire.

Aux policiers, il avait déclaré que la cellule préparait un attentat plus important que les deux attaques de Barcelone et de Cambrils, une station balnéaire plus au sud, jeudi et vendredi. Elles ont fait 15 morts et plus de 120 blessés.

Mohamed Houli Chemlal avait été blessé dans l’explosion d’une maison à Alcanar, au sud de Barcelone, où la cellule aurait préparé les attaques et il est à ce titre un suspect-clef pour les enquêteurs : il est le seul en vie dont on sait avec certitude qu’il avait séjourné à cet endroit et qui puisse raconter ce que les suspects y faisaient.

Sous les décombres, les policiers avaient découvert 120 bonbonnes de gaz et des traces de substances habituellement utilisées pour fabriquer du TATP, un explosif prisé par l’EI.

Selon la police, la perte de ce laboratoire de fortune a pu pousser les suspects à recourir à des moyens plus rudimentaires.

Jeudi, Younès Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans, a pris le volant d’une camionnette pour faucher la foule sur les Ramblas, y faisant 13 morts, et a ensuite assassiné un automobiliste pour lui voler sa voiture.

Après quatre jours de cavale, il a été abattu lundi par la police à Subirats, à 50 km de Barcelone.

Quelques heures après le massacre de las Ramblas, d’autres membres présumés de la cellule jihadiste – Moussa Oukabir, Mohamed Hichamy, son frère Omar Hichamy, Saïd Aallaa et Houssaine Abouyaaqoub – avaient à leur tour foncé dans la foule sur le bord de mer à Cambrils, blessant plusieurs personnes avant d’entrer en collision avec une patrouille de police, puis d’être tués par la police.

Après la mort de deux autres, l’imam marocain Abdelbaki Es Satty et en principe de Youssef Aallaa (dont les restes doivent encore être identifiés officiellement) dans l’explosion de la maison à Alcanar, il ne ne reste que quatre membres de la cellule vivants.

Ils ont tous été présentés mardi matin devant l’Audience nationale, une juridiction spécialisée dans les affaires sensibles à Madrid : ce sont Driss Oukabir, Mohammed Aallaa, Salh El Karib et de l’Espagnol Mohamed Houli Chemlal, selon une source proche de l’enquête en Catalogne.

Ramifications internationales

La police continue pour sa part à enquêter sur les possibles ramifications internationales de la cellule, notamment sur les déplacements de plusieurs de ses membres à l’étranger.

Au moins un des suspects, dont le nom n’a pas été révélé, s’est rendu à Zurich en décembre dernier, selon la police fédérale suisse qui a retrouvé trace de son passage dans un hôtel de la ville.

L’imam Abdelbaki Es Satty a, quant à lui, séjourné en Belgique entre janvier et mars 2016.

Enfin, l’Audi A3 utilisée à Cambrils a été flashée près de Paris par un radar le 12 août avec quatre personnes à son bord, selon le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb, qui doit par ailleurs recevoir mercredi à Paris son homologue espagnol Juan Ignacio Zoido.

Pendant leurs auditions à huis clos, les quatre hommes encore en vie de la cellule, assistés d’avocats commis d’office, peuvent garder le silence.

Fernando Andreu, un magistrat chevronné, doit déterminer quelles charges il retient contre eux exactement et quel rôle leur est reproché dans l’organisation des attentats, puis décider s’il les envoie en détention provisoire.

Parmi les quatre suspects encore en vie, deux sont des frères aînés de terroristes présumés abattus par la police : Driss Oukabir, 27 ans, frère aîné de Moussa Oukabir, un des cinq occupants de l’Audi, et Mohammed Aaalla, 27 ans, le propriétaire de l’Audi A3 de Cambrils. Son frère Said, âgé de 18 ans, était dans le véhicule.

Le père de Mohammed Aalla a dit à l’AFP que son aîné ne savait rien des plans du cadet qui n’arrêtait pas de lui emprunter la voiture, pour « chercher du travail ». Ce jour-là, c’était pour se rendre à la plage, a-t-il raconté.

Les douze hommes de la cellule, en majorité des Marocains, ont pour la plupart grandi à Ripoll, une petite ville au pied des Pyrénées où s’étaient installés leurs parents marocains.

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