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Attentats de Paris : les victimes vont porter plainte contre l’Etat français

Stagiaire

Les victimes des attaques du 13 novembre estiment que l’Etat français n’a pas tout fait pour empêcher le passage à l’acte des terroristes

Huit mois après les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et plus de 200 blessés à Paris et Saint-Denis, plusieurs victimes ont annoncé mardi 12 juillet leur intention de porter plainte contre l’Etat devant le tribunal administratif de Paris. Ces dix-sept personnes estiment que de « très graves dysfonctionnements » de différents services sont à déplorer. Cette annonce est intervenue au moment où la Commission d’enquête parlementaire sur le terrorisme remettait son rapport au président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartholone.

« Failles des services de renseignements »

Ce rapport met en évidence la responsabilité de l’Etat et plus particulièrement, les « failles des services de renseignement » et leur manque de coordination. On y apprend que l’un des assaillants du Bataclan, Samy Amimour, s’est rendu en Syrie en 2013 alors qu’il était sous contrôle judiciaire après sa mise en examen. Interdit de sortie de territoire, ses papiers lui avaient été enlevés. Pourtant, l’individu a pu se rendre à la préfecture pour demander de nouveaux papiers, en prétextant les avoir perdus. L’administration aurait dû vérifier que l’homme n’était pas recherché ou interdit de territoire mais cela n’a pas été fait. De plus, il ne s’était plus présenté au contrôle judiciaire depuis au moins 4 semaines, sans que cela n’inquiète personne.

Fichier européen de Schengen pas à jour

A cela s’ajoute l’arrestation manquée de Salah Abdeslam, le 14 novembre, par des gendarmes français. Il a pu passer la frontière entre la France et la Belgique le 14 novembre à 9h10. Les policiers l’ont contrôlé. Son nom a été entré dans le système d’information Schengen, mais celui-ci indiquait que l’homme était fiché en Belgique pour des faits de droit commun, sans faire référence à une quelconque suspicion d’activité terroriste. Salah Abdeslam a donc pu passer le contrôle sans être arrêté et ce n’est qu’à 10h45 que la Belgique a indiqué à la France qu’il était aussi radicalisé et candidat au djihad. Pourquoi ces informations n’ont-elles pas été introduites plus tôt dans le fichier européen de Schengen ?, se demande Samia Maktouf, l’avocate des victimes du 13 novembre.

Manque de coordination entre les différents services européens

Une autre défaillance concerne Abdelhamid Abaaoud. Présenté comme le cerveau des attaques du 13 novembre, il aurait pu être arrêté le 15 janvier 2015 lorsque la police belge a lancé un assaut sur une planque terroriste à Verviers. Ce jour-là, l’individu se trouvait à Athènes. Deux opérations avaient été prévues, une en Belgique et une en Grèce, mais les autorités grecques n’ont été informées de l’intervention belge que 15 minutes avant que celle-ci ne soit réalisée. Les autorités grecques n’ont donc pas pu monter une opération à temps et Abaaoud s’est échappé grâce à ce manque de coordination.

La France reconnue coupable dans l’affaire Merah

L’Etat français a été reconnu en partie coupable de la mort d’Abel Chennouf, un militaire tué à Montaubau en 2012 par Mohamed Merah. « Le tribunal juge que la décision de supprimer toute mesure de surveillance de Mohamed Merah, prise fin de l’année 2011 (…) est constitutive d’une faute engageant la responsabilité de l’Etat », écrit le tribunal, qui avait été saisi par le père du militaire, Albert Chennouf Meyer.

Le tribunal administratif de Nîmes rappelle que le terroriste faisait l’objet « depuis 2006 de l’attention des services de renseignements en raison, d’abord, de ses fréquentations au sein du milieu de l’islamisme radical, puis de son appartenance à cette mouvance et qu’il était dès ce moment inscrit au fichier « S » (fichier qui recense des personnes identifiées comme susceptibles de commettre des actes terroristes).

Par : Johanna Bukasa-Mfuni

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